- Claude Roy, né en 1915, était journaliste, auteur d'essais, de nouvelles, de romans et de poèmes.
Ce poème Dormante, extrait du recueil
[...] Tout ceci en fait un poème moderne, associé cependant au classicisme de la référence mythologique et d'une expérience familière. Eurydice est à la fois la figure emblématique de la femme aimée sans qui il est impossible de vivre, et de l'impossibilité d'un amour partagé. C'est une contradiction douloureuse dont le poète, nouvel Orphée, se fait l'écho ; un écho aux résonnances tragiques. Conclusion : "Dormante" est un poème d'amour et le poète y développe la dualité de l'amour qui est à la fois source de joie et de peine. [...]
[...] Ce poème Dormante, extrait du recueil Clair comme le jour est un poème d'amour. Il peut surprendre par l'absence de ponctuation et même de majuscules. Ce poème possède une versification qui allie le classicisme et le modernisme. De plus sa thématique est complexe. Nous verrons en premier comment le poète rend compte de sa contemplation de la jeune femme endormie puis nous étudierons l'évocation sensuelle de ce poème, et enfin nous nous pencherons sur la renaissance impossible d'Eurydice. Texte étudié : Toi ma dormeuse mon ombreuse ma rêveuse ma gisante aux pieds nus sur le sable mouillé toi ma songeuse mon heureuse ma nageuse ma lointaine aux yeux clos mon sommeillant œillet distraite comme nuage et fraîche comme pluie trompeuse comme l'eau légère comme vent toi ma berceuse mon souci mon jour et ma nuit toi que j'attends toi qui te perds et me surprends la vague en chuchotant glisse dans ton sommeil te flaire et vient lécher tes jambes étonnées ton corps abandonné respire le soleil couleur de tes cheveux ruisselants et dénoués mon oublieuse ma paresseuse ma dormeuse toi qui me trompes avec le vent avec la mer avec le sable et la matin ma capricieuse ma brûlante aux bras frais mon étoile légère je t'attends je t'attends je guette ton retour et le premier regard où je vois émerger Eurydice aux pieds nus à la clarté du jour dans cette enfant qui dort sur la plage allongée En partenariat avec www.bacfrancais.com Analyse : Un être de rêve 1. [...]
[...] Les mots "rêveuse" au vers "songeuse" au vers et "oublieuse" au vers 13, montrent que cette femme est entrée dans le rêve, mais grâce à l'ambiguïté lexicale de "berceuse" c'est aussi elle qui fait rêver et oublier la réalité ; même chose avec "trompeuse" au vers Une femme qui se laisse contempler passivement Elle ne participe pas à la scène, elle a les "yeux clos" (vers 4). Elle donne à voir son corps : "pieds nus" (vers "jambes"" (vers "corps" (vers 11) et "bras" (vers 16). La passivité est suggérée par l'"oeillet" au vers 4. Il y a donc beaucoup d'innocence. La fleur symbolise l'amour et l'harmonie. Le mot "enfant" du dernier vers suggère l'état édénique de l'innocence. Ce qui n'empêche pas la sensualité. II) Une évocation sensuelle 1. [...]
[...] Le titre "Dormante" est ambigu, puisque peut se dire aussi de quelque chose qui existe mais qui ne s'est pas encore manifesté. Mais c'est aussi l'attente de l'observateur. Cette attente est très claire au vers 8 : "toi que j'attends" et elle est reprise avec insistance au vers 17 : "je t'attends je t'attends je guette ton retour", bel alexandrin lyrique à la coupe. C'est l'attente d'une femme certes, mais c'est peut-être l'attente de La femme. III) La renaissance impossible d'Eurydice Le poème se termine sur un rapport lourd de signification entre "cette enfant allongée" et Eurydice, la compagne d'Orphée Un monde clos sur lui-même "Cette enfant qui dort" du dernier vers fait écho au titre du poème. [...]
[...] On relève un important réseau lexical sur le sommeil aux vers associé au champ lexical de l'immobilité vers et 20. Le rythme fait penser au rythme d'une berceuse. Il y a un effet de leitmotiv produit par récurrence des phénomènes en [euse] six fois dans le premier quatrain, deux fois dans le deuxième et quatre fois dans le quatrième, dont quatre fois à la rime dans les strophes 1 et ce qui amplifie l'effet. La valeur sonore de ce phénomène suggère le chuchotement qui sera aussi celui de la vague (vers 9). [...]
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