Clitandre, Amour médecin, Molière, Sganarelle, Lucinde, Tartuffe, hypocrisie, Don Juan, vigilance, remède, analyse, Arnolphe
Dans L'Amour médecin, en 1666, Molière conçoit ainsi une scène comique au cours de laquelle Clitandre tente de s'approcher de Lucinde, dont il est amoureux. Celle-ci est la fille de Sganarelle qui refuse de la marier. Sur le modèle des représentations de la commedia dell'arte, Clitandre se travestit alors en médecin et fait croire à Sganarelle que Lucinde, qui est malade, ne peut être guérie que s'il la demande en mariage.
À quel jeu d'équilibre se livre Clitandre pour tromper la vigilance de Sganarelle ?
[...] Mais, comme il faut flatter l'imagination des malades, et que j'ai vu en elle de l'aliénation d'esprit, et même qu'il y avait du péril à ne lui pas donner un prompt secours, je l'ai prise par son faible, et lui ai dit que j'étais venu ici pour vous la demander en mariage. « Mais » marque qu'une objection reste en suspend : une fois acquis à son diagnostic, Clitandre doit en effet convaincre Sganarelle de soigner sa fille. C'est là qu'il redevient plus sérieux et qu'il présente la suite des événements sur un plus ton magistral (de médecin), sur le ton de la nécessité par l'impératif « il faut ». [...]
[...] Composition du texte La scène présente d'abord la confidence en a parte de Clitandre à Sganarelle, qui trouve l'idée excellente ; puis les deux hommes s'adressent à Lucinde qui, étonnée du changement d'avis de son père, accepte la proposition de Clitandre, tandis que Sganarelle la croit folle. Problématique A quel jeu d'équilibre se livre Clitandre pour tromper la vigilance de Sganarelle ? Texte commenté SGANARELLE. Hé bien Notre malade, elle me semble un peu plus gaie. Sganarelle constate que Lucinde est « plus gaie », car elle vient de reconnaître, discrètement, la venue de Clitandre. [...]
[...] Le but est de faire peur à Sganarelle et de l'impressionner. Le piège se referme ainsi petit à petit sur Sganarelle qui ne sait pas que Clitandre lui dit ce qu'il veut entendre : Pour moi, je ne vois rien de plus extravagant et de plus ridicule que cette envie qu'on a du mariage. Clitandre dit tout haut ce que pense Sganarelle, ce qui crée une situation où Clitandre entre en connivence avec le public, sur le principe de la double énonciation : tout ce qu'il dit est à double-sens. [...]
[...] LUCINDE. Mais tout de bon ? SGANARELLE. Oui, oui. Enchaînement de questions totales de Lucinde qui traduisent sa surprise. Ce que ne sait pas Sganarelle c'est qu'il vient de donner sa fille en mariage : le stratagème de Clitandre a fonctionné et Sganarelle est ridiculisé. LUCINDE : Quoi ? Vous êtes dans les sentiments d'être mon mari ? CLITANDRE. Oui, Madame. Expl. [...]
[...] Clitandre est en même temps très attentif à ménager Sganarelle, il emploie une rhétorique faite de concession : « si vous voulez », d'atténuations, et emploi le pronom personnel inclusif « nous » pour bien insister sur la connivence qu'il y aurait entre lui et Sganarelle, ce qui fonctionne à merveille ; Sganarelle garde entièrement confiance en lui : SGANARELLE. Oui-da, je le veux bien. CLITANDRE. Après nous ferons agir d'autres remèdes pour la guérir entièrement de cette fantaisie. Rassurant, le « nous » continue de lier les deux hommes, et l'adverbe de temps « après » laisse entrevoir que le processus médical de Clitandre est raisonné. Clitandre emploie le terme de « fantaisie » pour continuer à convaincre Sganarelle de la bêtise que constitue le mariage. [...]
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