Duras, amant, marguerite, saigon, chine, nord, roman, autobiographique, cholen, chapeau, robe, mère, talons
Analyse commentée de la description de la jeune fille dans l'Amant, oeuvre de Marguerite Duras (1984). L'analyse s'étend des pages 18 à 20. La réflexion est posée, puis commentée et analysée selon les propres termes de Duras qu'elle écrit dans son roman autobiographique.
[...] On note ici l'emploi de verbes exprimant la volonté, le sentiment : « je porte », « je les porte », « je porte », « je ne me supporte qu'avec ». La jeune fille dispose en outre d'un regard éclairé sur son apparence : « ambiguïté déterminante de l'image » montre que cette image est travaillée en ce sens. * La jeune fille prend de la distance sur elle-même. « la petite », « elle est devenue », « je me vois comme une autre » : l'emploi de la troisième personne traduit ici l'aboutissement de sa recherche d'elle-même. [...]
[...] Ce raffinement conduit à un paradoxe, puisque cette jeune fille est désargentée. Cet aspect nous est transmis par « me l'a donnée », « usée », « une ceinture de mes frères » : elle ne s'habille qu'avec des vêtements de seconde main, qui ont déjà servis. De plus, elle porte ce que les autres ne veulent pas : « un jour, elle ne l'a plus mise parce qu'elle était trop claire », « soldes soldés », « seule certitude, c'était un solde soldé » : image d'une misère antithétique au raffinement. [...]
[...] « je vais » est répété deux fois, montrant ainsi l'aspect déterminé et résolu de la jeune fille ainsi parée ; la jeune fille peut dès lors se promener dans un grand espace : « la ville ». L'Amant est avant tout une autofiction, et dispose donc d'un aspect autobiographique. L'œuvre est écrite sur le souvenir de l'auteur : « je ne me souviens pas », « je ne vois pas », « je crois » : l'auteur a le souhait de rester authentique par rapport à son souvenir, de respecter ce souvenir de son passé. L'œuvre mêle donc avec habileté présent de narration et d'énonciation. [...]
[...] Cette description est essentielle pour le développement de l'histoire, puisqu'elle pose les bases du personnage. Cette description, dans la veine du Nouveau Roman, n'est cependant pas conventionnelle. * Dans ce passage, on observe une focalisation interne : la narratrice est cette jeune fille décrite. Cette focalisation se remarque par l'emploi de la première personne du singulier « je », ou du tonique « moi ». La jeune fille est décrite autour de trois accessoires, les objets qu'elle porte, ses vêtements. Ces trois éléments sont la robe, les chaussures, le chapeau. [...]
[...] Donne au lecteur une image d'une catin, image permise par une mère consciente de la situation : « elle me l'a donnée », « ma mère m'a achetés ». A une époque très stricte, c'est une mère ayant peu d'égards et d'attention pour sa fille qui nous apparaît. Autre paradoxe de cet érotisme par rapport à l'âge de la jeune fille, son innocence. La paradoxe est ici mis en évidence par « la minceur ingrate de la forme » soit son visage, « le corps chétif » : elle a un aspect d'enfant, et pourtant s'habille en femme, voire en catin. [...]
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