Par ce livre, Alice Ferney nous invite à voyager dans la vie des gitans souvent peu connue et incomprise du grand public. Elle a voulu pénétrer dans l'univers particulier et intime des Tziganes mais n'a fait qu'appuyer davantage sur les clichés développés par la société actuelle. Le livre est écrit dans un style familier et délicat qui est accessible à tous. Tout au long du livre, il n'y a que le discours indirect qui est employé mais la lecture reste agréable et très vivante.
Esther la bibliothécaire qui est en fait l'héroïne de l'histoire apporte un regard triste et réaliste sur la situation des gitans et conforte le lecteur dans ses impressions. Cette femme d'une quarantaine d'années consacre beaucoup de son temps aux gitans qui pourtant ont du mal à l'accepter, ils la surnomment pendant longtemps "la gadjé" ce qui signifie l'étrangère. La qualité d'écriture d'Alice Ferney suscite l'admiration du lecteur envers Esther pour son dévouement. Tous les mercredis, Esther vient leur rendre visite pour faire connaître aux enfants la lecture...
[...] Au fil d'un récit lyrique sans emphase et exact sans mesquinerie, l'auteur nous introduit chez le peuple du soupçon, celui qu'on accuse d'avance et qui repousse, tant par sa crasse que par son orgueil. Le prétexte est tout simple: une jeune libraire de la région parisienne parvient à se faire accepter d'un campement de gitans, non pour y faire la morale, mais la lecture. Chaque mercredi, de mois en mois, par pluie et frimas, elle lira aux gueux analphabètes de sept ans les contes qui bercent, depuis toujours, les rêves parfumés des enfants des villes. [...]
[...] On est touché par la fierté des parents qui auront un enfant qui saura lire et nager. L'auteur fait l'éloge des livres et de la lecture : "Je crois que la vie à besoin des livres, dit Esther, je crois que la vie ne suffit pas", " elle lut comme si cela pouvait tout changer " Elle lisait et le reste attendait " Elle lut avec de la tendresse pour eux et de la foi dans les histoires " . À travers la description des enfants, Alice Ferney utilise le registre pathétique. [...]
[...] Ils ne possédaient que leur caravane et leur sang. Mais c'était un sang jeune qui flambait sous la peau, un flux pourpre de vitalité qui avait séduit des femmes et engendré sans compter. Aussi, comme leur mère qui avait connu le temps des chevaux et des roulottes, ils auraient craché par terre à l'idée d'être plaints." Je trouve ce résumé assez satisfaisant, hormis la première phrase qui ne résume à mon avis pas bien le livre . En lisant: " Rares sont les Gitans qui acceptent d'être tenus pour pauvres le lecteur s'attend à lire un livre qui raconte la vie des gitans en général, et parle de leur pauvreté . [...]
[...] Critique réalisée en Septembre 1997 Avec Grâce et dénuement, Alice Ferney a obtenu le prix Culture et bibliothèques pour tous. Prix emblématique s'il en est tant la lecture, la scolarisation et en définitive la culture, pour tous justement, sont au centre de ce très beau roman au style classique et élégant. Mais pas seulement ça. Au travers de la persévérance d'Esther à aller à la rencontre de l'autre, au devant des mutismes, au-delà des différences, Alice Ferney nous amène à découvrir la véritable vie des gens du voyage. [...]
[...] J'ai aussi pensé à La Musica de Marguerite Duras : s'approcher d'un moment avec une parfaite justesse de ton. En fait, j'essaie d'écrire sur la vie. Pour moi l'écriture romanesque est une voie de recherche. Se mettre devant une feuille pour raconter des histoires est une sorte de maïeutique. Les gens entrent dans une réflexion et se posent des questions comme : qu'est-ce que ça veut dire aimer quelqu'un. N'est-on jamais certain d'aimer ? Interview publiée sur fnac.net le 19 Juillet 2000. [...]
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