Scandaleux comme le personnage d'Ubu, qui dans cette scène vient de conquérir le trône de Pologne avec l'aide militaire du capitaine des gardes Bordure et des conjurés. Pour parvenir à ses fins, Ubu a tué le roi Venceslas et ses deux fils. Dans cette scène Ubu est sur le point d'organiser le royaume de Pologne. Tout l'art d'Alfred Jarry s'exprime dans cet extrait.
Comment l'auteur provoque-t-il le rire du spectateur ? Ce rire est-il purement gratuit et cette scène simplement absurde ?
[...] On note un mélange de registres le bouffre renvoie à une interjection ancienne synonyme de bougre alors que le verbe pigner à l'argot et au registre familier. Ubu utilise l'impératif apportez, amenez et l'emporte dans cette scène sur sa femme qui le dirigeait dans les premières scènes. L'auteur utilise également le comique de caractère et de gestes. Le caractère d'Ubu est grotesque, dans ses notes Alfred Jarry écrit qu'Ubu doit incarner« tout le grotesque qui fut au monde Il se comporte comme un enfant gâté qui casse ses jouets, un être égocentrique. [...]
[...] Ainsi, d'une farce grinçante et décalée on peut apprécier un deuxième degré de lecture, une critique acerbe de la société, du pouvoir et du théâtre classique volontairement parodiés. On comprend pourquoi cette pièce a scandalisé l'opinion et les critiques à l'époque. Toutefois, Mallarmé y avait vu le génie d'un avant-gardiste et d'un auteur qui révolutionnera le théâtre en lui écrivant vous avez mis debout avec une glaise rare un personnage prodigieux ! En effet, Jarry sera bien le précurseur du théâtre de l'absurde et une source d'inspiration des surréalistes qui iront même jusqu'à voler sa pierre tombale pour l'ériger en mausolée. [...]
[...] Alfred Jarry, "Ubu Roi" - le rire dans l'acte III, scène 2 La grande salle du palais. PÈRE UBU, MÈRE UBU, OFFICIERS et SOLDATS ; GIRON*, PILE*, COTICE*, NOBLES enchaînés, FINANCIERS, MAGISTRATS, GREFFIERS.*Trois "palatins", hommes de main d'Ubu. PERE UBU - Apportez la caisse à Nobles et le crochet à Nobles et le couteau à Nobles et le bouquin à Nobles ! Ensuite, faites avancer les Nobles. On pousse brutalement les Nobles. MERE UBU - De grâce, modère-toi, Père Ubu. [...]
[...] Tout l'art d'Alfred Jarry s'exprime dans cet extrait. Comment l'auteur provoque-t-il le rire du spectateur ? Ce rire est-il purement gratuit ? Cette scène simplement absurde ? Ne faut-il pas y voir un sens plus profond ? Ainsi, dans une première partie nous évoquerons les ressorts comiques de l'extrait puis, nous évoquerons en second point, l'aspect engagé et grave caché sous la farce ubuesque. Jarry joue avec les différents types de comique théâtraux. Cette scène repose sur un comique de répétition, Ubu commence par demander les titres des nobles, leur rang, leur fortune puis les passe à la trappe. [...]
[...] Jarry utilise-t-il le même procédé de répétition que Lewis Carroll dans Alice au Pays des Merveilles ? La reine de coeur répète à l'envi Qu'on lui coupe la tête ! tout comme Ubu dit dans la trappe Cette œuvre parue en 1865 aurait-elle pu influencer Jarry dans le recours au comique de répétition ? Le massacre se répète et prend une dimension exagérée on empile les nobles dans la trappe indique la didascalie. Sa femme, la mère Ubu pourtant atroce et cruelle tente de modérer son mari, elle répète la même phrase De grâce modère-toi, Père Ubu, quelle basse férocité .que fais-tu père Ubu ? [...]
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