Apollinaire, manifeste poétique, poésie, texte liminaire, modernité poétique, surréalisme, Alcools
Par son goût pour les inventions technologiques les plus audacieuses de son époque et par son indéniable inventivité d'écriture, Apollinaire s'est imposé, au XXe siècle, comme une figure majeure de la modernité poétique. Il est aussi considéré comme un précurseur du Surréalisme.
Dans son recueil poétique Alcools, qu'Apollinaire écrit entre 1898 et 1912, sa réflexion désabusée sur lui-même et le tableau de la réalité urbaine quotidienne qui l'entoure rendent compte d'une esthétique poétique nouvelle : le poète y affiche son désir de modernité sans toutefois rompre avec la tradition.
Il va y publier « Zone », d'abord intitulé « Cri », est le dernier poème, en vers libres, écrit par Apollinaire avant la publication d'Alcools en 1913 ; mais le poète décide de le mettre en tête du recueil, en faisant ainsi un vrai manifeste poétique.
[...] Vers 18 : Evocation de la réalité des industries parisiennes à travers les horaires par des indices temporels « Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour » rend compte du mouvement incessant et de l'activité qui animent la rue. Vers 19 : Image de la « sirène » se rattache aux légendes antiques mais la polysémie de « sirène » (être fabuleux qui ensorcelle par son chant/puissante sonnerie sonore) et sa personnification (« gémit ») glissement du mythe à la modernité, Enseignes deviennent sonores avec personnification « criaillent » animalisant les affiches et les enseignes, renforcée par la comparaison « à la façon des perroquets » métamorphose de la rue par le poète, devient véritablement vivante. [...]
[...] Apollinaire paraît inscrire la religion dans l'ère moderne. Enjambement mettant en valeur le mot « honte » reconnaît son désir de spiritualité mais la peur du qu'en-dira-t-on empêche le poète de rentrer dans une église pour faire pénitence attitude d'Apollinaire ambiguë face à la religion Vers 11 : Enumérations « les prospectus les catalogues les affiches » + personnification des « affiches » qui chantent « chantent tout haut » (notation auditive) A. propose plusieurs éléments qu'il colle les uns aux autres, rappelle la peinture cubiste. [...]
[...] Vers 2 : Apostrophe plaisante soulignée par une tonalité laudative « O tour Eiffel » assonance en [è] « Bergère » « Tour Eiffel » « bêle » + avec la personnification de la « Tour Eiffel » en « bergère » et l'animalisation des « ponts » en moutons = exaltation modernité + superposition bucolique/urbain. La ville s'anime et prend vie, source d'inspi du poète+ les éléments du progrès sont rendus vivants par l'écriture et l'art poétique. Vers 3 : langage courant « Tu en as assez » suivi de « antiquité grecque et romaine » redondance du premier vers « tu es las », insistant sur sa volonté de rupture avec les formes d'art classiques. Lassitude à l'égard de la tradition. [...]
[...] Conclusion « Zone » se présente comme un art poétique novateur : le poète fait jaillir la poésie enfouie dans le quotidien de la modernité, sans renier totalement la tradition poétique qui l'a précédé. Le poème se démarque par sa profonde originalité et donne le ton du reste du recueil. En abordant le quotidien sous un nouvel angle, le poète utilise désormais son art pour le sublimer et transfigurer les éléments les plus banals du monde contemporain. C'est un poème résolument moderne et optimiste, célébrant la nouveauté et l'inventivité de ce début de siècle. [...]
[...] Vers 3-4 : paradoxe surprenant : c'est la technique moderne « automobiles » qui semble ancienne « ont l'air d'être anciennes » et c'est la religion pourtant millénaire qui est moderne « est restée toute neuve la religion » le poète suggère que tout ce qui a trait au sacré et à la spiritualité s'inscrit dans l'éternité. Provoque la surprise. Vers 6 : Comparaison surprenante de la religion avec l'aviation « comme les hangars de Port-Aviation » : idée d'élévation physique avec les avions et spirituelle avec la religion. Confrontation tradition/modernité. [...]
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