1913, Alcools, Les Sapins, Guillaume Apollinaire, poésie, Apollinaire, art, sapin de noël, cycle des saisons, cycle de la vie, mélancolie, Baudelaire, versification
Le recueil « Alcools » d'Apollinaire, paru en 1916, se présente comme le manifeste de la poésie moderne, avec des vers libérés des règles de versification traditionnelles et par un style d'écriture sans ponctuation. Il réunit une grande diversité de poèmes écrits entre 1898 et 1913, ce qui lui donne une dimension autobiographique. « Les sapins » est l'avant-dernier poème de la section Rhénane. Pour composer les poèmes de ce cycle, Apollinaire s'est inspiré des légendes germaniques découvertes lors de son séjour en Rhénanie, au côté d'Annie Playden. Dans ce poème, Apollinaire utilise l'image des sapins pour décrire le rôle du poète dans la société.
[...] La comparaison continue avec les branches des sapins qui deviennent les ailles blanches des anges, prêt à s'envoler. En été, les sapins deviennent de « grands rabbins » et même « de vieilles demoiselles ». La couleur noir leur est maintenant associée, d'une part avec les habits noirs du rabbin et d'autre part avec les longues robes noires que portent les « vieilles demoiselles ». L'été pour les sapins est synonyme de mort puisqu'ils ressortent beaucoup moins qu'en hiver et deviennent des arbres quelconques. [...]
[...] Alcools, Les Sapins - Guillaume Apollinaire (1913) - Comment, à travers une description poétique des sapins, Apollinaire évoque-t-il la place des poètes dans la société ? Guillaume Apollinaire est un poète français du début du XX[ème] siècle, précurseur des surréalistes. Il est influencé par un « esprit nouveau » avec une effervescence culturelle remarquable, portée par des mouvements comme le Cubisme et le Futurisme. Son recueil « Alcools », paru en 1916, se présente comme le manifeste de la poésie moderne, avec des vers libérés des règles de versification traditionnelles et par un style d'écriture sans ponctuation. [...]
[...] Saison de prédilection des Romantiques, l'automne est la saison dominante dans « Alcools » comme avec « Automne malade » où Apollinaire décrit une saison transitoire entre la vie et la mort. Après avoir été comparés à des musiciens, les sapins deviennent de « graves magiciens ». L'adjectif grave prend ici le sens de sérieux, digne mais il peut également s'apparenter au chant grave des magiciens qui « incantent le ciel quand il tonne ». En effet le verbe incanter vient du latin cantare qui signifie chanter. [...]
[...] Les poètes, symbolisés par les sapins, seraient donc les serviteurs d'Apollon, guidés par ce dernier afin de transmettre ce savoir à la population. Contrairement aux sapins qui servent de planches pour les bateaux, d'autres « se savent prédestinés/A briller plus que des planètes ». Ainsi certains sapins ou certaines personnes comme les poètes sont des élus dont le destin est de briller par leur savoir et par les Arts, qu'Apollon leur a transmis. Néanmoins ces sapins n'ont pas le choix comme le montre le terme péjoratif « endoctrinés ». [...]
[...] A travers ce poème mélancolique, Apollinaire utilise l'image poétique des sapins afin de décrire le rôle du poète dans la société. Le poète se présente à la fois comme un astrologue, un magicien et un rabbin car tout comme ces derniers il pratique une science inexact qu'est la poésie. La musicalité de ses vers, qui lui sont directement inspirés des muses d'Apollon, lui donne le rôle de musicien. Enfin, le but ultime du poète est de guérir les âmes par son chant et par ses textes même si cela doit être au prix de sa vie. [...]
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