Apollinaire se revendique donc comme un poète libre et autonome, en dehors de toutes conventions littéraires et neutre quant à la nature de son oeuvre. Il invite d'ailleurs ses lecteurs à l'interpréter comme bon leur semble. Cet adage est pourtant discutable, et reste à nuancer : Apollinaire s'avère être un précurseur de référence du surréalisme en poésie. En Europe, le XXème siècle est marqué par la première Guerre Mondiale qui oppose pendant 4 ans la triple alliance et la triple entente. La seconde révolution industrielle de 1850 s'étant généralisée, les nouvelles énergies ouvrent la voie au progrès technique. Dans la littérature et dans les arts, le XIXème siècle permet la naissance de plusieurs mouvements novateurs tels que le symbolisme, le surréalisme, ou encore le cubisme et le fauvisme pour la peinture. Alors, la poésie d'Apollinaire est-elle une célébration de la modernité ?
[...] C'est justement cette métamorphose qu'Apollinaire met à l'honneur. Au XXème siècle, le thème de la ville est très récent en poésie, et beaucoup d'auteurs s'en écartent, voyant d'un mauvais œil ces nombreuses machines, ces amas d'acier et de pierre dans lesquels se tassent les populations. Mais Guillaume Apollinaire se montre ouvert au progrès technique : il célèbre le paysage urbain, l'automobile, l'aviation, consacre un de ses calligrammes à la Tour Eiffel En introduisant son recueil par le poème "Zone", il se place explicitement sous le signe de la modernité : ce poème lui permet d'exprimer sa lassitude quant au passé et à la tradition poétique : "À la fin tu es las de ce monde ancien"; "Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine". [...]
[...] Il précise ne vouloir obéir à aucune règle, ni convention littéraire, ou encore ne se rattacher à aucun courant. La modernité de son œuvre réside sans doute dans ce choix. L'éloge de la ville et du progrès dont tous les poètes s'éloignaient devient un nouveau paysage poétique pour Apollinaire qui se place sous le signe de la modernité. Mais, bien qu'en opposition avec ses prédécesseurs et en constante recherche d'innovation, Guillaume Apollinaire, n'est-il pas fidèle à certaines traditions littéraires ? [...]
[...] Le poème "le pont Mirabeau" est un exemple de l'écriture métaphorique : la vitesse à laquelle s'écoule l'eau symbolise "le temps qui passe, et nous avec", pour reprendre le titre d'un tableau de Paweł Kuczyński. Dans "zone", la tour Eiffel est comparée à une bergère gardant un troupeau de ponts et une rue pavée à un enfant. Ainsi, le recueil de Guillaume Apollinaire est assurément une référence de la poésie surréaliste. La liberté que le poète s'est donnée à l'écriture révèle l'instantanéité et le caractère éphémère de ses inspirations. [...]
[...] Le souvenir, le temps et spécifiquement la fuite du temps traduit, là aussi, la mélancolie du poète qui à travers le poème du pont mirabeau ("Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine") exprime également ses regrets quant à ses amours malheureux : l'eau qui coule et les saisons sont des métaphores: le pont mirabeau et le rhin (qui donne son nom à la section rhénane) sont des lieux que le poète a visité, où l'eau s'écoule; permettant ainsi de dépeindre le temps comme linéaire et fatal à tout être vivant. Le temps devient source de lyrisme et de tragique, mais aussi d'une souffrance permanente chez le poète. La mélancolie de Guillaume Apollinaire lie manifestement tous les poèmes et thèmes du recueil qui suit son itinérance. Ces fameux thèmes donnent naissance à des arcs narratifs arcs narratifs, lient les poèmes qui ont un sujet en commun, ce qui rend le recueil structuré et lui donne tout son sens. [...]
[...] Alcools - Guillaume Apollinaire (1913) - La poésie d'Apollinaire est-elle une célébration de la modernité ? "Vous le classerez dans l'école poétique qui vous plaira, je ne prétends faire partie d'aucune, mais il n'en est aucune également à laquelle je ne me sente attaché". C'est ainsi que se positionne Guillaume Apollinaire face à la nature de son recueil Alcools, paru en 1913. Apollinaire se revendique donc comme un poète libre et autonome, en dehors de toutes conventions littéraires, et neutre quant à la nature de son œuvre. [...]
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