Automne malade, Guillaume Apollinaire, modernité, poème, exemple de lecture linéaire, autoportrait poétique
Ce poème propose ainsi plusieurs commentaires et grilles de lecture. Il peut être lu comme la simple description d'un paysage d'automne, saison traditionnellement associée au cycle du temps qui passe. Toutefois, la personnification constante de l'automne comme un être incompris qui souffre et l'implication sentimentale du poète suggère qu'il s'agit aussi d'un autoportrait poétique. Par ailleurs, Apollinaire multiplie les ruptures avec les codes traditionnels de la poésie.
[...] Nous pouvons ainsi noter la volonté du poète de brouiller les codes traditionnels de présentation du paysage décrit : là où les poètes romantiques (Lamartine ou Vigny, par exemple) situaient leurs poèmes dans un cadre sauvage et isolé, nous avons ici un espace aux contours plus flous, entre jardin et forêt. Cette première strophe est donc très élégiaque : le poète, comme au chevet de l'automne, déplore la mort inévitable de cette saison qu'il affectionne, prise entre deux périodes aux caractères différents, l'été et sa profusion de fruits et de fleurs, l'hiver et son climat rigoureux. [...]
[...] Par ailleurs, Apollinaire multiplie les ruptures avec les codes traditionnels de la poésie : une répartition strophique qui ne correspond pas aux mouvements du texte et qui s'apparente à un calligramme ; un jeu de rimes complexe ; des vers irréguliers ; l'absence de toute ponctuation . Mais aussi une description qui brise sans cesse les attentes : le jardin initial devient plus sauvage ; le poème bascule soudain dans le registre du merveilleux ; il se fait cri, avant de s'achever sur une chansonnette où train inattendu vient apporter sa touche de modernité. [...]
[...] Alcools, Automne malade - Guillaume Apollinaire (1913) - Comment, à travers l'évocation assez traditionnelle en littérature d'un paysage automnal, Guillaume Apollinaire donne-t-il un exemple de sa modernité poétique ? Les vers 1 à 7 : la mort annoncée de l'automne Le poème s'ouvre sur un double constat : « l'automne est malade » et « l'automne est adoré », deux qualificatifs mis sur le même plan par la coordination. C'est l'amorce de deux thèmes centraux dans ce poème : la mort prochaine de l'automne et la relation privilégiée du poète avec cette saison Cette mort programmée de l'automne est annoncée sans ménagement, au futur simple (temps de la certitude qu'un événement va effectivement se produire), par le rejet du vers vers qui se dilate sur 15 syllabes - ce qui est remarquable en poésie comme pour mimer le souffle du vent évoqué. [...]
[...] En effet, l'automne est aussi musical, il est capable de produire de beaux chants, et d'une manière générale il vous faut toujours être attentif dans les poèmes au champ lexical des sons : il suggère invariablement que le poème parle aussi . de la poésie. Les cerfs pourraient contribuer à construire l'autoportrait du poète : ils sont repoussés à la lisière, peut-être car ils sont incompris et mal aimés. Car souffrance de l'automne est liée à la présence en son centre de figures féminines inquiétantes, incapables d'aimer et rappelant le séjour d'Apollinaire en Rhénanie. [...]
[...] Ainsi l'automne nous apparaît dans tout ce qu'il a de complexe : saison durant laquelle la nature se met en sommeil, mais aussi saison qui a des dons à offrir ; saison de transition entre l'été et l'hiver, aussi. Nous nous demanderons plus loin de quoi cette figuration de l'automne, comme un être malade, porteur de richesses qu'on délaisse, peut être le symbole. Les vers 8 à 13 : un étrange paysage d'automne Une autre phrase commence alors, et on notera que la structure strophique ne se superpose pas à la structure syntaxique. [...]
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