Albert Camus, "La Peste" : étude analytique d'un extrait : La fin de la quarantaine

Thèmes abordés

Albert Camus, analyse de texte, La Peste, fin de la quarantaine, étude analytique, hommage, destin, allégorie, peste, ironie, registre pathétique, registre tragique, lyrisme, tragédie, épidémie, condition humaine

Résumé du document

Situé dans la dernière partie, cet extrait annonce la fin du roman. Nous sommes en février, la maladie régresse peu à peu. Les portes de la ville s'ouvrent et les habitants, enfin libérés, n'oublieront jamais cette difficile épreuve qui les a confrontés à l'absurdité de leur existence et à la précarité de la condition humaine. Bernard Rieux, médecin, se sauve de l'absurde en se consacrant à sa tâche quotidienne, en perpétuant la vie contre tout ce qui peut la mettre en péril, acceptant l'irrémédiable, comme la mort de son épouse. Il est le « révolté » du roman, qui tire sa grandeur de la conscience de ses propres limites. Jean Rambert est un journaliste de Paris incarnant le personnage de l'exilé, prisonnier de la ville, éloigné de la femme qu'il aime ; il tente de s'évader mais quand il pourrait y parvenir, il décide de rester.

Extraits

[...] Ainsi, certains trouvent le bonheur dans l'amour et la réunion tant attendue avec l'être aimé, tandis que d'autres, lésés par le sort, continuent à errer sans but. Le hasard seul préside. Cependant, excepté Rieux dont l'épouse est morte et qui accepte l'irrémédiable, Rambert incarne une solution à l'absurde. Il ne cherche du reste pas vraiment à lutter contre et préfère cristalliser toute son énergie sur cette libération tant espérée, en ayant de plus en plus conscience qu'il choisit l'éphémère quand l'absolu lui est interdit. [...]

[...] Conclusion Cet extrait révèle mieux que beaucoup de discours le sentiment de Camus : l'homme en proie au mal ne devrait rien attendre de la vie. Seules l'affection et la tendresse, d'ailleurs alternative conclusive de l'extrait, sont à sa portée et ne dépendent que de lui. Il importe à chacun d'œuvrer contre une existence absurde en s'intéressant à son prochain et en travaillant pour lui octroyer une vie plus paisible. Il faut être, comme Rieux, dans l'action, tout en espérant que la vie nous le rendra peut-être. [...]

[...] La cité demeure alors isolée pendant presque une année, hors du monde. Confronté à l'épidémie, le personnage central du roman, le docteur Rieux, est impuissant. Au-delà de ses dons d'écrivain, Camus a posé de multiples questions dans ses œuvres, directement inspirées de sa propre existence : pauvreté, maladie, soleil et, en 1939, la guerre. S'il n'y a pas pris une part active comme combattant, son métier de journaliste et son exode l'ont mis en contact avec cette situation qui n'a fait qu'accentuer ses prises de conscience fondamentales. [...]

[...] De plus, il s'avère être le seul héros, au sens fort du terme (rappelons qu'étymologiquement, le terme vient du grec et signifie « demi-dieu ». Le héros grec est celui qui semble avoir dépassé les possibilités de la nature humaine par son courage et ses actions et dont les hauts-faits valent qu'on chante sa geste), en tentant quotidiennement de préserver le seul bien dont dispose vraiment l'homme : la vie. Bien qu'étant un mortel parmi tant d'autres, l'extrait témoigne l'hommage que lui rend la foule : il se dirige vers la foule et cette dernière l'entoure (À mesure qu'il avançait, la foule grossissait autour de lui, lignes 1-2 ; il se fondait dans ce grand corps hurlant, ligne 3 ; pressé de toutes parts, interpellé, ligne 16). [...]

[...] ] Albert Camus, La Peste, cinquième partie (La fin de la quarantaine) ÉTUDE ANALYTIQUE Introduction Albert Camus (1913-1960) est un écrivain majeur de la première moitié du XXème siècle. Publié en 1947, La Peste est un roman qui lui permet de remporter le prix Nobel de littérature en 1957. Il est bâti comme une tragédie en cinq actes, cinq grandes unités narratives qui se prêtent elles-mêmes à un découpage qui suit la progression dramatique de la maladie. Une brève ouverture situe l'action en avril dans les années 40, à Oran durant la période de l'Algérie française, une ville laide, sans âme, une cité moderne et « ordinaire ». [...]