"Interprétation", terme polysémique, désigne d'une manière générale le processus par lequel l'individu parvient à donner un sens clair à une idée auparavant obscure ou confuse.
Outil fréquent en arts et en lettres (un musicien ou un acteur "interprètent" un morceau ou un rôle, le traducteur "interprète" dans une langue les propos tenus dans une autre (...)
[...] Il est clair que, parcourant ces taches noires, et retenant l'ordre et la place de chacune, je forme enfin, et non sans peine au commencement, l'idée qu'elles sont six, c'est-à-dire deux fois trois, qui font cinq et un. Apercevez-vous la ressemblance entre cette action de compter et cette autre opération par laquelle je reconnais que des apparences successives, pour la main et pour l'oeil, me font connaître un cube ? Par où il apparaîtrait que la perception est déjà une fonction d'entendement [ . ] et que l'esprit le plus raisonnable y met de lui-même bien plus qu'il ne croit. [ . ] Et nous voilà déjà mis en garde [ . (Alain) 1. [...]
[...] Alain ne répond pas à ces questions (même si, dans un sens, il soulève le problème lorsqu'il nous "met en garde" à la fin du texte, et même dans la première partie lorsqu'il écrit, un peu lapidairement : "Mais pourtant c'est un cube que je vois" : on se demande bien, à ce stade, comment il le sait Il n'était donc pas légitime de s'interroger sur ce point, comme l'a fait Nicolas (même s'il était souhaitable de mentionner le problème en conclusion). Pourtant, cet élève a eu l'excellente idée de montrer, dans une perspective proche de la pensée de Nietzsche, que si nous "interprétons" de telle manière le réel, c'est tout simplement pour des questions de survie (voir le Gai Savoir, §111 et 112 en particulier) ; brillante remarque qui lui a valu un autocollant. [...]
[...] Commentaire composé semi-rédigé : Consacré à Représentation du Monde écrit par Alain. Alain : représentation du monde On soutient communément que c'est le toucher qui nous instruit, et par constatation pure et simple, sans aucune interprétation. Mais il n'en est rien. Je ne touche pas ce dé cubique. Non. Je touche successivement des arêtes, des pointes, des plans durs et lisses, et réunissant toutes ces apparences en un seul objet, je juge que cet objet est cubique. Exercez- vous sur d'autres exemples, car cette analyse conduit fort loin, et il importe de bien assurer ses premiers pas. [...]
[...] (À ce stade, il aurait été bon de rapprocher la position d'Alain avec l'analyse que propose Kant dans la Préface de la seconde édition de la Critique de la raison pure ; mais le cours sur Kant n'ayant pas encore eu lieu au moment de la remise du DM, je n'en ai pas tenu compte pour la correction.) Nota Bene : assurément, ici se pose la question principale d'un point de vue pratique : d'où vient le sens que "nous" projetons sur les données sensuelles ? comment puis-je savoir que le sens que je projette "spontanément" (et malgré moi) sur l'univers est bien conforme à l'univers ? quelle "preuve" me garantit que ce "sens" n'est pas une pure fantaisie de mon imagination ? [...]
[...] Il suffit d'examiner en détail le contenu effectif de nos sensations pour constater que nous ne "voyons" jamais "cubique" ni "six". Comment, alors, pouvons-nous passer d'une série d'informations sensuelles lacunaires à une idée claire - "le dé cubique", "six taches" ? Plan du texte Dans une longue première partie, Alain examine à fond l'exemple du dé pour montrer le caractère parcellaire et confus de nos perceptions, et comment notre entendement y supplée. Dans une seconde partie (à partir de "Revenons à ce dé . [...]
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