Dès le premier vers en alexandrin, le poète annonce clairement et solennellement son intention : "Je veux peindre la France une mère affligée" :
- Le terme "peindre" suppose bien une construction progressive, à la manière d'un tableau.
- (...)
[...] Voir le lexique dévalorisant : "ce voleur acharné . " v * v : la révolte de l'opprimé introduit une transformation dans le récit : Jacob symbolise le parti protestant, dont la cause est présentée comme légitime : "ayant dompté longtemps en son cœur son ennui", "sa juste colère" v. 12-13, "celui qui a le droit et la juste querelle" v A priori, d'Aubigné se situe donc clairement dans le camp des Protestants (fidèle en cela à son engagement). B. [...]
[...] Cette femme esploree, en sa douleur plus forte, Succombe à la douleur, mi-vivante, mi-morte ; Elle void les mutins tous deschirez, sanglans, Qui, ainsi que du coeur, des mains se vont cerchans. Quand, pressant à son sein d'un' amour maternelle, Celui qui a le droit et la juste querelle, Elle veut le sauver, l'autre qui n'est pas las Viole en poursuivant l'asile de ses bras. Adonc se perd le laict, le suc de sa poictrine ; Puis, aux derniers abois de sa proche ruine, Elle dit, "Vous avez, felons, ensanglanté, Le sein qui vous nourrit et qui vous a porté ; Or vivez de venin, sanglante geniture, Je n'ai plus que du sang pour vostre nourriture." Biographie Né en 1552 en Charente-Maritime dans une famille calviniste, Agrippa d'Aubigné reçoit une formation humaniste à Paris, à Orléans, à Genève et à Lyon. [...]
[...] Il ne pardonne pas à Henri IV sa conversion au catholicisme, et reste hostile aux tentatives de rapprochement entre protestantisme et catholicisme. Son Histoire universelle publiée en 1616 traite de l'époque des guerres de religions. En dépit des efforts d'impartialité de l'auteur, l'ouvrage est condamné (arrêt du Châtelet 1620) et le livre est brûlé. Les Tragiques, dont est extrait le texte qui suit, est une œuvre poétique de combat, liée à l'action du parti protestant au cours des guerres de religion. Le premier chant présente la tragédie de la France à travers une grande allégorie. [...]
[...] 34- 35 - "aux derniers abois de sa proche ruine" v "succombe à la douleur, mi- vivante, mi-morte" v Ce texte au style très oratoire marque un engagement fort du poète au service de la cause protestante, mais plus encore pour défendre la patrie en danger. On retrouve cette allégorie dans la littérature de l'époque : voir le catholique Ronsard : "Je veux malgré les ans au monde publier, D'une plume de fer sur un papier d'acier, Que ses propres enfants l'ont prise et dévêtue Et jusques à la mort vilainement battue". [...]
[...] L'union des 2 thèmes dans la prosopopée finale Les 2 lexiques se rejoignent dans une horrible union formulée dans les paroles de la France à la fin (vers 31 à 34) : l'union du sang et du lait - "Vous avez ( . ) ensanglanté / le sein qui vous nourrit" : v. 31-32 : association mise en valeur par l'enjambement. - "Je n'ai plus que du sang pour votre nourriture" v TRANSITION L'allégorie de la mère affligée frappe l'imagination par la violence des images du combat entre 2 frères. Si l'on ressent autant cette violence, c'est que l'auteur ne néglige pas les procédés d'amplification. [...]
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