Michel Leiris a publié plusieurs ouvrages, mais c'est surtout son récit autobiographique "L'Âge d'Homme" qui l'a rendu célèbre, en 1939. De par cet ouvrage, il crée pour la première fois une sorte d'atomisation du "moi", démarche qu'il continuera encore avec "Biffures", "Fourbis", "Fibrilles", "Frêle Bruit" de 1948 à 1976.
Dans le passage soumis à notre étude, et intitulé "Gorge coupée", Leiris part d'un fait, en relate les conséquences, puis en fait l'analyse, et va même jusqu'à placer ce fait comme une représentation microscopique de la vie. Il montre en effet comment une opération subie dans sa petite enfance a conditionné sa conception de l'existence.
Cet extrait nous permet de nous poser la question suivante : comment Michel Leiris retranscrit-il, dans son autobiographie, le rapport causal évoqué précédemment ?
[...] L'enfant Leiris n'a donc pas, à six ans, un environnement très rassurant. La mère est évoquée trois fois : ma mère ligne 19, ma mère, complètement désorientée ligne 22, ma mère me tenant dans ses bras lignes 25-26. Le père, lui, est occulté, il n'est pas individualisé, il fait juste partie du groupe parent Pourquoi est-il escamoté ? On peut soutenir deux hypothèses. D'abord, le père n'est peut-être pas actif face à ce genre de problème, c'est donc à la mère de gérer la situation. [...]
[...] On note donc ici une vision pessimiste de l'existence. La vie est réduite à une salle de chirurgie. Cela pousse même Leiris à ne pas profiter du bonheur : tout ce qui peut m'arriver d'agréable en attendant n'est qu'un leurre lignes 37-38. Ca devient presque une obsession de la mort, comme en témoigne le mot abattoir à la fin de l'extrait qui nous occupe. Tout ce vocabulaire donne, par conséquent, l'image d'un monde violent. Leiris revient sur cette idée en estimant par ailleurs que les relations entre adultes sont fondées sur la tromperie. [...]
[...] L'idée d'injustice est évoquée à travers ces termes : je ne comprends pas que l'on m'eût fait si mal à la ligne 30. Le si permet d'insister sur la violence de l'événement. Cette idée de violence se retrouve également dans une autre phrase : la plus sauvage agression La plus permet ici, également, d'accentuer sur l'aspect violent de la scène. Enfin, il est nécessaire d'évoquer les adultes trompeurs. Une énumération est présence à la ligne 31 : d'une duperie, d'un piège, d'une perfidie Cette suite donne une charge très lourde contre les adultes, dont il faut se méfier. [...]
[...] "L'âge d'homme", Michel Leiris (1939) - "Gorge coupée" Michel Leiris a publié plusieurs ouvrages, mais c'est surtout son récit autobiographique L'Age d'Homme qui l'a rendu célèbre, en 1939. De par cet ouvrage, il crée pour la première fois une sorte d'atomisation du moi démarche qu'il continuera encore avec Biffures, Fourbis, Fibrilles, Frêle Bruit de 1948 à 1976. Dans le passage soumis à notre étude, et intitulé Gorge coupée Leiris part d'un fait, en relate les conséquences, puis en fait l'analyse, et va même jusqu'à placer ce fait comme une représentation microscopique de la vie. [...]
[...] En témoignent des termes forts, tels que : victime subis et même agression ligne 1. Il est nécessaire de s'arrêter en particulier sur ce dernier mot. Le terme d'agression peut paraître fort pour une opération chirurgicale banale, au point d'apparaître comme une hyperbole. Pourtant, il semble que l'auteur est vécu atrocement ce moment, d'où l'emploi d'un terme fort, qui, pour lui, colle parfaitement à la situation. Ce récit donne de Leiris une impression de quelqu'un qui subit, qui est passif devant l'événement. [...]
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