L'affaire Seymour est le récit d'un fait divers retranscrit par l'auteur anglais contemporain Tim Lott, journaliste de formation. Le docteur Seymour fait surveiller les membres de sa famille à l'aide d'un dispositif de vidéo surveillance et sa paranoïa entrainera sa mort ainsi que celle de son épouse. L'extrait qu'il s'agit d'étudier fait figure d'épilogue au sein du manuscrit et est directement adressé au lecteur. Il est ici question d'un assemblage de scènes relatées à travers la voix d'objectifs de caméras. Les protagonistes décrits dans le passage sont identifiables en dépit du fait qu‘ils ne soient pas désignés clairement pour la plupart ; on distingue l'auteur lui-même apportant son manuscrit chez son éditrice, ainsi que les personnages dépeints tout au long de L‘affaire Seymour. Le roman est basé sur des faits réels impliquant des figures tirées de la réalité. Une des difficultés pour l'auteur en ayant fait le choix d'un narrateur « non-humain » dans ce passage, est d'adapter son écriture en faisant en sorte que le discours soit celui d'une machine devant en conséquence être dépourvue de jugement et de sentiments.
[...] La neutralité est donc remise en cause par la figure ambiguë du narrateur. En revanche, en distinguant la figure de l'auteur au cours du passage, il est possible de déceler le développement d'une pensée. La neutralité serait donc un outil fondamental illustrant le point de vue de l'auteur. En premier lieu, le désir et la satisfaction sadique d'obtenir quelque information sur une personne à son insu provoquent l'incompréhension de l'auteur comme le suggère implicitement l'expression Elle était très impatiente d'entendre les nouvelles révélations que l'auteur lui avait promises Cette phrase est ambiguë, car elle peut être une remarque de l'auteur lui-même ou alors du discours indirect libre. [...]
[...] La neutralité illustre totalement cette forme indifférence. [...]
[...] Il convient alors de se demander comment est posée la question de la neutralité dans cet extrait. Avant tout, bon nombre d'éléments attestent la neutralité dans ce texte ; néanmoins la figure du narrateur est ambiguë ce qui met en doute la neutralité ; finalement, la neutralité pourrait être vue comme un axe selon lequel se développe la pensée de l'auteur Tout d‘abord, la ponctuation et la manière dont sont constituées les phrases dans cet extrait soulignent un désir de non-implication du narrateur vis-à-vis des situations en présence. [...]
[...] Il désigne ces derniers par des syntagmes nominaux comme l'homme la femme la fille ou le garçon La mise en parallèle de ces deux constatations paradoxales met davantage en relief l'absence d'empathie du narrateur pour ce que vivent les protagonistes du passage. Cela crée une distance et donne une impression d'attitude neutre. Enfin, le narrateur revendique ouvertement ne pas avoir de jugement en s'adressant directement au lecteur à travers une succession de phrases négatives. La reprise anaphorique de la même construction syntaxique Je ne [ ] pas.» située au début de l'extrait Je ne juge pas. Je ne commente pas. Je ne pense pas. Je ne réfléchis pas. [...]
[...] En effet ces phrases sont affirmatives ou négatives et ne suggèrent au premier abord aucun sentiment comme le ferait au contraire une exclamation. Les nombreuses propositions de ce genre décrivent successivement les actions réalisées par les personnages. L'énumération articulée par des connecteurs logiques tels que ensuite ou encore puis témoigne d'une volonté rigoureuse de clarté, ce qui donne un caractère formel à la description. La manière dont est élaboré le texte est concise : il est constitué de phrases courtes qui sont affirmatives ou négatives et cela lui donne un aspect froid et nonchalant attestant de la neutralité. [...]
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