Une saison en enfer, seule œuvre publiée par Rimbaud lui-même, souligne les évolutions poétiques de Rimbaud : le recueil suit cette évolution, depuis le prélude qui affirme l'abandon du poète à l'enfer, le refus radical des anciennes valeurs et l'évasion hors de la réalité. Ce passage par la folie est indiqué par les titres des poèmes en prose, « Nuit de l'enfer », « Délires », avant un mouvement de retour à la raison : la désillusion commence avec l'Impossible, les chimères de la science et de la religion, puis l'idée que l'évasion dans les rêves est vaine, avec l'Eclair.
Adieu constitue le poème de clôture de la section et sa place symbolise un retour à la réalité, une sorte de renaissance. Ce poème semble retracer de façon métapoétique l'itinéraire de Rimbaud, son déchirement entre un pôle satanique et un élan vers l'imaginaire : dans quelle mesure le titre met-il en abyme, par le thème du départ, un abandon des fantasmagories et trace-t-il une voie vers l'acceptation du réel ?
[...] Le poème récapitule ainsi les évolutions poétiques, les mouvements d'élan et de chute successifs du poète. L'adverbe quelquefois souligne une rupture dans l'existence misérable que le poète évoquait : le verbe voir introduit l'idée d'hallucination, d'abandon aux fantasmagories, avec un élan vers l'au-delà traduit par le ciel Le poète quitte le domaine terrestre de la boue vers l'idéal. Après un tableau sombre et apocalyptique, on a un renversement : les images se font optimistes en joie peignent un paradis idéalisé. [...]
[...] Les mots mage et ange s'inscrivent bien dans l'au-delà que le poète congédie ; la suppression des valeurs a échoué et le poème évoque un retour au réel : la chute est traduite par le verbe rendu au sol Les allitérations en traduisent, dans devoir à chercher réalité rugueuse étreindre l'ancrage dans le prosaïsme, la vie. Le poète est en voie d'acceptation de la vie, de son enfer. Il est renvoyé de façon ironique à ses origines : la phrase exclamative paysan résonne comme une insulte adressée à lui-même. Cette capacité de distanciation est confirmée par les questions rhétoriques : le poète doute, cherche une solution à ses égarements. [...]
[...] La phrase segmentée accumule les groupes nominaux : cette sécheresse expressive traduit la misère du poète. Les sentiments du poète sont exacerbés, et il porte un jugement péjoratif sur son existence de bohème : la pauvreté les haillons le pain l'alcool et le sexe figurent cet univers de débauche qui appartient au passé, avec le passé composé ont crucifié La mention de la crucifixion parodie la Bible pour souligner un passage par l'épreuve de l'enfer, de la damnation. La violence de la parodie chrétienne passe par des hyperboles, mille amours millions d'âmes et de corps morts les phrases exclamatives qui créent une dramatisation et une vision épique, celle du Jugement dernier cité en italique. [...]
[...] Le conditionnel passé souligne le caractère rétrospectif de cette évocation, et le salut du poète. Il porte un jugement a posteriori : j'exècre la misère pour rejeter ce passé avec violence. La forte présence du je d'un certain lyrisme, même distancié, se poursuit avec le verbe de sentiment redouter qui prolonge exècre : l'exclamation accentue l'effet ironique de l'expression saison du confort qui renvoie à un cliché. Ce début semble dès lors marqué par une tension entre un passé de misère évoqué rétrospectivement, le passé des valeurs chrétiennes, et le présent de l'écriture, de la désillusion qui crée une distance vis-à-vis de ce passé. [...]
[...] Adieu constitue le poème de clôture de la section et sa place symbolise un retour à la réalité, une sorte de renaissance. Ce poème semble retracer de façon métapoétique l'itinéraire de Rimbaud, son déchirement entre un pôle satanique et un élan vers l'imaginaire : dans quelle mesure le titre met-il en abyme, par le thème du départ, un abandon des fantasmagories et trace-t-il une voie vers l'acceptation du réel ? Au début du poème, la saison de l'automne permet d'évoquer un paysage urbain de maladie et de mort, symbolique de la misère de l'humanité et qui parodie la damnation chrétienne. [...]
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