Les acteurs de Bonne Foi est une comédie de Marivaux en un acte joué pour la première fois en 1748. Elle n'eut pas un grand succès, mais est publiée en 1757. Elle met en scène Madame Hamelin riche vieille fille, mariant son neveu Éraste à Angélique, la fille de Mme Argante, modeste bourgeoise. Mme Hamelin décide de confier à Merlin, le valet d'Éraste, le soin d'organiser pour l'évènement une comédie dont il veut qu'elle soit jouée « à l'impromptu », où les acteurs sont manipulés devenant des « acteurs de bonne foi ». Mme Argante, l'apprenante, exige l'interruption des répétitions. Mme Hamelin décide de se venger en faisant semblant de ne plus marier son neveu à Angélique, mais à Araminte, une riche veuve.
Mme Argante se ravise et exige qu'on joue cette pièce, voulant y tenir un rôle, mais les acteurs bernés s'y refusent. Le notaire arrive alors en apportant le contrat de mariage. La scène dernière commence. Mme Hamelin demande à Araminte de suivre son jeu, de faire croire à tous que ce contrat est destiné à Araminte et Éraste et que Mme Argante doit le signer puisqu'elle est l'hôte de maison. Cette scène est divisée en deux parties. Tout d'abord la tromperie organisée par Araminte et Mme Hamelin, puis le dénouement, la réconciliation. Pour autant, ce n'est pas cette dernière partie qui est la plus forte, rendant cette scène à la fois drôle et inquiétante. Dans quelle mesure cette scène est à la fois comique et dérangeante ?
[...] Dans quelle mesure cette scène est à la fois comique et dérangeante ? Tout d'abord, Marivaux suit un schéma comique traditionnel dans le dénouement de l'action. En effet, la pièce se termine de façon relativement heureuse, les nœuds disparaissent sous l'évocation de deux mariages, celui d'Éraste et Angélique ainsi que celui de Lisette et Merlin. La toute fin de la pièce est marquée par l'allégresse de chacun. En effet il n'y a plus qu'à rire Mme Argante évoque la tromperie comme révolue tel que le montre la présence du conditionnel passé Je vous en aurais donné cent dans ma colère Ensuite, Mme Argante amuse par la détermination si forte qu'elle a à marier sa fille par possible appât du gain (autrement, je ne verrais pas l'utilité de nous préciser la fortune de chacun). [...]
[...] Mme Hamelin décide de se venger en faisant semblant de ne plus marier son neveu à Angélique, mais à Araminte, une riche veuve. Mme Argante se ravise et exige qu'on joue cette pièce, voulant y tenir un rôle, mais les acteurs bernés s'y refusent. Le notaire arrive alors en apportant le contrat de mariage. La scène dernière commence. Mme Hamelin demande à Araminte de suivre son jeu, de faire croire à tous que ce contrat est destiné à Araminte et Éraste et que Mme Argante doit le signer puisqu'elle est l'hôte de maison. [...]
[...] Sans tromperie, pas de comédie En effet, cette scène est un amoncellement de masque, de rôle, d'acteurs. Il s'agit d'une pièce de théâtre dans la pièce de théâtre. Mme Hamelin trompe tout le monde en vociférant qu'Éraste épousera Araminte, Araminte continue sur cette lancée, Mme Argante devient actrice malgré elle en prenant part au conflit avec bonne foi Elle devient l'actrice principale de la comédie dont elle n'autorisait pas la mise en place sans en être consciente. Cependant, cette tromperie fait autant rire qu'elle inquiète. Premièrement par la cruauté qu'elle renferme. [...]
[...] Mme Hamelin et Araminte tiennent le rôle de bourreaux aigris. Mme Hamelin, par simple caprice voire anachroniquement par dandysme, se moquera de tous et ridiculisera profondément Mme Argante jusqu'à lui refuser sa seule sortie possible : la fuite. Elle l'empêche physiquement de quitter la scène. Elle jouera avec les cœurs d'Angélique et d'Éraste avec une facilité et une légèreté qui déconcertent. Araminte, elle, jalouse Angélique qui a la jeunesse tandis qu'elle-même l'a perdu et qu'elle devient susceptible sur son âge «mes quarante ans me restent sur le cœur, je n'en ai que pourtant trente-neuf et demi Elle se voit dépérir seule alors qu'elle est un bien meilleur parti qu'Angélique. [...]
[...] Il s'agit d'un jeu dangereux qui n'apporte que la confusion et qui peut se révéler tragique je mourrais moi-même plutôt que de signer dit Éraste. Ce jeu peut faire perdre les repères à tous Où en sommes nous donc [ s'écrie Mme Argante. Pour conclure, cette dernière scène est en effet comique et dérangeante. Elle est comique dans sa forme, mais dérangeante puisqu'elle pointe du doigt de façon très subtil l'imbrication de la fiction dans la réalité et que cette même réalité peut n'être qu'un point de vue. [...]
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