Ecrit en 1834, Lorenzaccio, drame romantique en cinq actes, constitue le chef-d'œuvre de « l'enfant du siècle ». Alfred de Musset, qui n'a que 24 ans lorsqu'il compose son drame, transposa dans ce dernier les aspirations d'une jeunesse romantique, faisant de son œuvre une représentation de ce courant européen qui domine la littérature et particulièrement le théâtre, comme en témoigne la bataille d'Hernani (1830). Le drame romantique est alors cette « étincelle qui jaillit » de la rencontre « des deux genres opposés de la tragédie et de la comédie » (Préface de Cromwell- Victor Hugo).
Alfred de Musset, dont les différents voyages parfirent ses connaissances relatives à l'Italie, reprit "Une conspiration", pièce en seulement six scènes de sa compagne Georges Sand, qui servit de trame à son chef-d'œuvre et dans laquelle l'auteur lui-même apparaît sous les traits du personnage complexe de Lorenzo. Destiné à être lu, le drame fait évoluer un grand nombre de personnages dans la riche Florence du XVIe siècle.
Dans cet extrait constitué d'un monologue, Lorenzo qui depuis déjà longtemps prémédita l'assassinat de son cousin Alexandre qui gouverne en tyran, voit ici l'aboutissement d'un long travail de travestissement et de double jeu où tout honneur lui a été enlevé.En constituant la répétition finale d'un meurtre, le monologue de Lorenzo se présente comme l'aboutissement de la vie de celui-ci et souligne la complexité de cet Homme, seul face à l'Humanité.
[...] L'envoyée de Dieu De surcroît, Lorenzo se présente comme le bras de dieu qui étonnera les hommes. Du latin extonare, ce verbe signifie frappé par le tonnerre. Or celui-ci venu du ciel, donc d'en haut, est à cette époque souvent vu comme l'œuvre de Dieu. Ceci justifie le fait que les références à Dieu et au diable soient nombreuses dans les paroles de Lorenzo et que le champ lexical soit abondant : maudite «Dieu et le diable Un mépris pour le reste des Hommes Enfin, Lorenzo personnage d'action, porte un grand mépris pour le reste de l'humanité qui se fonde seulement sur les paroles. [...]
[...] Le rythme ternaire de cette phrase nominale, ainsi que le rythme binaire de : Quant à l'affaire du baudrier à rouler autour de la garde, cela est aisé. S'il pouvait lui prendre fantaisie de se coucher, voilà où serait le vrai moyen souligne la rigueur de la démonstration et du raisonnement, afin de rallier le lecteur par la double destination. Le trouble de Lorenzo Cependant, malgré cette démonstration construite, l'agitation intérieure transparaît fortement à travers le discours du personnage : en effet, son emballement est présent notamment dans la mise en abyme. [...]
[...] Les mots, les mots, les éternelles paroles ! S'il y a quelqu'un là-haut, il doit bien rire de nous tous; cela est très comique, très comique, vraiment. Ô bavardage humain ! Ô grand tueur de corps morts ! Grand défonceur de portes ouvertes ! Ô hommes sans bras ! Non ! Non ! Je n'emporterai pas la lumière. [...]
[...] Conclusion Ainsi, cet extrait constitué d'un monologue, exercice propre au théâtre qui accentue la solitude du héros et sa dimension tragique, sert de répétition à Lorenzo mais correspond aussi à la révélation du personnage en tant qu'être humain complexe, duel mais où perce l'ambiguïté. À la fois construit et représentatif du trouble du personnage, il représente l'apogée de Lorenzo, entre ombre et lumière, sentiments et raison. (Elargissement) Cela étant, le pessimisme de Lorenzo quant aux conséquences de son acte sur les Républicains paraît révélateur de la suite de l'œuvre : si les Républicains ne sont pas prêts à agir, Lorenzo lui n'aura pas de seconde chance et cet acte lui sera fatal. [...]
[...] Cette répétition finale, à la fois construite, réaliste et représentatrice du trouble de Lorenzo constitue l'aboutissement de la vie de ce dernier. II- Aboutissement de la vie de Lorenzo Cette scène où Lorenzo est seul sur scène représente à la fois son double jeu et la mise à nu du personnage. Une apparence de soumission Dans un premier temps, Lorenzo apparaît soumis à son cousin : Entrez donc, chauffez-vous donc un peu Ici réapparaît le personnage de Lorenzaccio qui se présente comme le complice d'Alexandre. [...]
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