Rolland de Marcé, Achab, bible, pièce de théâtre, théâtre, époque moderne, XVIIe siècle, mythologie, misogynie, alexandrin
Dans la tragédie biblique Achab (1601), Rolland de Marcé montre le châtiment (la mort) que reçoit le héros éponyme, septième roi d'Israël (IXe siècle avant J.C.), pour avoir fait tuer Naboth, dont il convoitait la vigne. L'ombre de ce dernier ouvre la pièce, personnage « protatique », qui expose donc la situation.
Les vers 157-184 font suite au développement qui désigne la cruelle épouse du roi, l'idolâtre Jézabel, comme l'instigatrice de l'assassinat. Elle a ensorcelé son mari. Le propos vise désormais la généralité, présentant la femme comme foncièrement mauvaise.
[...] Car l'oiseleur n'a tant de gluaux, de filets, 180 Le pêcheur d'hameçons, ni le veneur de rets, Pour prendre les oiseaux, les poissons, et les fères, Et ravir les petits aux pères, et aux mères, Que la femme a d'appâts, pour séduire et tromper, Ceux qui plus déliés, font état de piper. » I ~ (157-163) ~ DIANE ET LA BERGÈRE La première comparaison présente un personnage de la mythologie païenne. Il n'y a rien de choquant dans cette évocation des divinité gréco-latines, dans la mesure où les humanistes les intègrent volontiers à leur propos, fût-il chrétien. La périphrase « l'errante forestière », utilisée pour désigner Diane, n'est pas surprenante. Dans son catalogue, Les Épithètes, Maurice de La Porte note, en effet, à son propos : « Forestière, pucelle, errante [?]. [...]
[...] Il en ressort une impression de force perverse contre laquelle l'homme, sa proie, ne peut lutter car la déloyauté se joue de la prudence, dont seuls quelques individus d'exception pourraient faire preuve. De fait, l'époux de Jézabel, Achab, qui n'est pas exceptionnel, sera bientôt tué d'une flèche, au combat (récit de l'acte IV). Toutefois, la fin de la tragédie nuance quelque peu cette image très négative de la reine, et donc de la femme en général. En effet, l'acte V présente la reine devenue veuve comme une désespérée qui n'accepte de vivre encore un peu que pour pleurer son époux. En outre, elle déplore qu'il ait été tué de façon?déloyale. [...]
[...] La rapidité que la femme manifeste à en changer est indiquée par l'expression adverbiale « si tôt » (v. 165). Le désir amoureux qui l'habite est indiquée par l'image traditionnelle du feu (« brandon », « consomme », au sens de « consume » v. 166). Quant à la fourberie, elle est signifiée par l'adjectif « déloyal » déterminé par l'adverbe d'intensité « très ». Cette libido dévorante l'aveugle puisqu'elle la conduit à aimer n'importe qui, « le premier sujet » (v. 167) rencontré au « hasard » (v. 168). III ~ (169-184) ~ LA TROMPERIE EN ACTION La dernière partie du passage commence par un macarisme (« O quatre fois heureux », v. 169) pour suggérer la grandeur du danger que représente la fourberie féminine. [...]
[...] Ainsi, pour qualifier « ce sexe » l'adjectif « subtil » est utilisé (v. 172). Il renvoie à l'idée d'une séduction habile. Particulièrement longue (10 vers), la comparaison de la femme avec un crocodile recèle nombre de mots qui connotent la feinte : adverbe (« faussement »), verbes (« tromper », v. 173 ; « farde », v. 174 ; « piper », v. 184), adjectifs (« déceveur », v. 175 ; « faux », v. 175 ; « caut », v. 178), et noms (« faux semblant », v. 175 ; « ruse », v. 178). Cette apparence cache en réalité une propension à la violence : « picorer et détruire », v. 173 ; « rage », v. 178). Ce long développement peut se résumer en une expression bien connue : des larmes de crocodile. [...]
[...] À cette harmonie s'oppose le désordre causé par l'apparition d'un élément mâle, violent. La douce mélodie est recouverte par des « accents débordés » (v. 162). Les allitérations du vers 163 suggèrent la sauvagerie : « un satyRe Rageux, de fuReuR attisé » (v. 163). Cette « fureur » renvoie à une libido non contrôlée, celle d'une sexualité débridée. II ~ (164-168) ~ LA FEMME VOLAGE ET DÉLOYALE Le comparé prend d'abord la forme d'une périphrase. Au lieu d'utiliser le substantif « femme », l'auteur préfère « cet esprit volage et déguisé », les deux adjectifs qualificatifs renvoyant à ses caractéristiques essentielles, l'inconstance et la fourberie. [...]
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