« Académie Médrano », Blaise Cendrars

Résumé du document

A partir du début du XXe siècle, le genre poétique connaît un renouveau. De nombreux auteurs s'amusent avec ses formes. C'est le cas de Blaise Cendrars dans son poème « Académie Médrano » écrit en 1923, qui semblerait être un sonnet en jugeant par le titre du recueil, Sonnets dénaturés. Dans celui-ci, Cendrars modifie la forme fixe qu'est le sonnet en faisant de son poème un véritable cirque. En quoi ce poème marque-t-il une évolution dans la poésie ? Il s'agira donc pour nous d'étudier la dénaturation de ce sonnet puis en second lieu, d'analyser la conception nouvelle de la poésie.

Extraits

[...] Il utilise même un langage vivant, parfois agressif. On peut relever les verbes se fichent et mordent Selon lui, la poésie est un art et doit donc être vivante. De même, Cendrars insiste sur le mouvement en intégrant une acrobatie poétique dans son sonnet par l'intermédiaire d'une écriture en miroir, comme en atteste le terme saut périlleux Il veut une poésie qui éblouisse son lecteur, qui devient alors spectateur. En guise de citation, on peut relever le champ lexical de la vue noir affiches couleur lumières regarde Enfin, Cendrars désire un travail de la langue ; la répétition du mot langue au début et à la fin du poème est donc stratégique. [...]

[...] Conclusion Cendrars nous présente donc un sonnet irrégulier qui illustre parfaitement la nouvelle conception de la poésie qui se développe à cette époque. Avec ce poème, Cendrars suggère que le temps où les poètes n'avaient qu'à imiter et bien se tenir est terminé. Il laisse place à la liberté créative et se libère des contraintes du sonnet. On a ici un art poétique mais sous une forme plus originale que ses les précédents, puisque Cendrars met sa théorie en pratique dans son sonnet. [...]

[...] Enfin, il veut une poésie raffinée comme le souligne la répétition de la beauté. On peut ainsi relever les adjectifs beaux et belles L'auteur nous expose ici ces idées sous forme d'un art poétique quelque peu critique. Critique de la poésie traditionnelle Nous verrons ici que Cendrars porte un regard critique sur la tradition poétique. Celui-ci reproche à la poésie d'être apprise et de ne rien inventer, d'où l'image métaphorique du tour de piste, répétitif, qui est en amusement de la poésie traditionnelle. [...]

[...] En effet, cette mise en page volontaire donne l'impression de mouvement ce qui produit un effet spectaculaire. La surprise se poursuit dans l'arrangement sonore. Arrangement auditif Etudions maintenant l'arrangement sonore de ce poème. On peut d'abord constater une absence de rimes comblée par de lourdes assonances. En guise de citation, on peut relever les pléonasmes mesure les beaux vers mesurés et fixe les formes fixes A l'intérieur de ceux-ci on peut remarquer des dérivations lexicales qui participent à la fantaisie sonore du sonnet. De plus, l'absence de ponctuation, excepté le point final, rend la lecture difficile. [...]

[...] L'arrangement auditif n'est donc pas négligeable aux yeux de Cendrars. L'auteur joue ainsi sur les sens du lecteur et manifeste un certain plaisir ludique. L'aspect ludique Enfin, nous verrons l'aspect ludique de ce sonnet. Cendrars introduit des images inattendues et amusantes, comme en atteste la comparaison tour de piste sur un tout petit basset dans laquelle le poète fait lui-même son spectacle, à dos de basset. Bien sûr, cette image est ironique, comme le souligne le pléonasme petit basset Il donne ainsi un côté fantaisiste à son sonnet en introduisant un univers festif. [...]