Le XVIIIe siècle est marqué par le mouvement des Lumières. Ce mouvement donnera naissance au conte philosophique, dont Voltaire est l'un des principaux fondateurs. Ce sont justement les thématiques abordées par Voltaire que l'on retrouve dans le conte philosophique de Jean-François de Saint-Lambert (1716-1803), militaire de formation, puis philosophe, conteur et poète lorrain.
L'Abenaki(1765) est ainsi un texte de dénonciation, dans lequel Saint-Lambert critique clairement les préjugés dont sont victimes les Abenakis, alors qu'il est, au XVIIIe siècle, courant de ne juger un individu qu'à sa classe sociale.
[...] L'Abenaki(1765) est ainsi un texte de dénonciation, dans lequel Saint-Lambert critique clairement les préjugés dont sont victimes les Abenakis, alors qu'il est, au XVIIIe siècle, courant de ne juger un individu qu'à sa classe sociale. Mais pour quelles raisons Saint-Lambert t-il choisi le conte philosophique pour soutenir ses critiques ? Nous étudierons tout d'abord la narration et l'interêt du conte philosophique, pour ensuite étudier en quoi ce texte est implicitement un blâme de la société. L'étude de la narration permet de comprendre, comme c'est le cas ici, de quel manière évolue le texte et quels procédés permettent de le rendre plus intéressant. [...]
[...] Ce sentiment paternel, s'il est ressenti par un Abenaki l'est aussi ressenti par un anglais, le père du jeune officier, c'est pourquoi le vieil Abenaki lui demande de partir et de retourner "dans [son] pays, afin que [son] père ait encore du plaisir à voir le soleil qui se lève" (L54). On peut alors conclure par une citation de Voltaire "les préjugés sont la raison des sots". A travers la critique de la guerre et des préjugés, Saint-Lambert prône les valeurs universelles, telles que les sentiments qui sont présent en chaque de nous et nous rendent humains. [...]
[...] Si les personnages évoqués auparavant sont bien fictif, le message qui passe à travers eux est bien réel, et c'est ce qui caractérise le conte philosophique. Si Saint-Lambert a préféré écrire son récit sous la forme d'un conte philosophique, c'est parce que ce genre littéraire permet de conter une véritable histoire en y intégrant des personnages fictifs. Les particularités des personages et leurs apparentes différence permettent de donner davantages d'intêrets pour ce conte aux yeux du lecteur, c'est pour cette raison que sont peint au début deux peuples qui semblent très différents, pour ensuite créer un retournement de situation. [...]
[...] La lecture linéaire de l'Abenaki peut d'abord amener à penser que les anglais sont, et de loin, bien différent des Abenakis. On le remarque dès les premières lignes lorsque ces derniers sont décrit comme "sauvages" l'auteur va même jusqu'à dire "[qu'ils traitent leurs ennemis] avec une barbarie dont il y a peu d'exemples, même dans ces contrées"(L4-5) . Dans les lignes qui suivent, sans doute parce que Saint-Lambert a lui même été soldat, l'auteur parvient à conter avec beaucoup de précision et de justesse la poursuite des Abenakis après le jeune officier anglais. [...]
[...] La barbarie qui caractérise les Abenakis et d'autant plus mise en exergue qu'elle s'oppose à l'apparente civilité des anglais. Ainsi, la "troupe de sauvages Abenakis" s'oppose au plus civilisé "détachement d'anglais" et, de la même manière, un guerrier Abenaki est nommé "sauvage" tandis que le soldat anglais est lui nommé "jeune officier" (L6). Pourtant on comprend, lorsque ce soldat rejoint le peuple Abenaki, que les différences qui les séparent sont bien minces. Lorsque "Le vieillard prit l'Anglais par la main" on pouvait légitiment penser que les différences entre Abenakis et anglais étant déjà assez nombreuses, l'importante différence d'âge qui les séparait finirait par détruire toute chance de vivre ensemble. [...]
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