La première édition de La société du spectacle est parue en novembre 1967 et mai 68 l'a fait connaître. Pour Debord, ce livre a été écrit « dans l'intention de nuire à la société du spectacle » et « il n'a jamais rien dit d'outrancier » (Avertissement pour la Troisième édition française). Dans ce livre, Debord montre ce qu'est selon lui le spectacle moderne comme il le résume dans Commentaires sur la société du spectacle : « le règne autocratique de l'économie marchande ayant accédé à un statut de souveraineté irresponsable, et l'ensemble des nouvelles techniques de gouvernement qui accompagnent ce règne. » (...)
[...] L'ennui est qu'en mourant Debord en emporta avec lui le souvenir et la définition 17). Debord ne se veut pas facile d'accès mais en même temps, comme le souligne Frédéric Schiffter dans Contre Debord : le terme de spectacle présente l'avantage de donner au ressentiment le plus large spectre d'expression possible 19) et Debord est devenu une figure presque incontestable de la critique sociale chez certains intellectuels. Il est incongru et mal vu de critiquer Debord, or sa théorie est tout à fait critiquable, tout d'abord parce qu'il n'a en réalité rien inventé, Rousseau et Hegel avaient formulé les mêmes critiques selon Frédéric Schiffter : Mon dessein revenait à souligner que le mot ressassé de spectacle n'en disait pas davantage que ces métaphysiques et morales pré-hégéliennes qui dénonçaient déjà, en leur temps, la dégradation d'une nature originelle et, partant, la déchéance des hommes. [...]
[...] En novembre 1966, la diffusion à Strasbourg de la brochure de l'Internationale Situationniste De la misère en milieu étudiant fait un scandale et constitue un des textes essentiels de l'avant Mai 68. L'Internationale Situationniste est très active pendant les troubles de mai 68. Mais elle est dissoute en avril 1972 ne pouvant résoudre les difficultés pratiques. Debord réalise son film La société du spectacle en 1973 suivi de Réfutation de tous les jugements en 1975. Guy Debord se suicide le 30 novembre 1994 d'un coup de fusil dans le cœur. [...]
[...] Ce temps pseudo-cyclique consommable est le temps spectaculaire 153). L'image sociale de la consommation du temps valorise les moments de loisirs et de vacances qui sont des marchandises spectaculaires, ces marchandises sont alors présentées comme le moment de la vie réelle donc ce qui a été représenté comme la vie réelle se révèle simplement comme la vie la plus réellement spectaculaire (p154). On peut résumer une partie des thèses développées dans les chapitres V et VI consacrées au temps par l'article 158 : Le spectacle, comme organisation sociale présente de la paralysie de l'histoire et de la mémoire, de l'abandon de l'histoire qui s'érige sur la base du temps historique, est la fausse conscience du temps ( p 156). [...]
[...] Selon Debord, la société bureaucratique est donc totalitaire et vit dans un présent perpétuel et manipule le passé. Le fascisme pour Debord est un des facteurs dans la formation du spectaculaire moderne, de même que sa part dans la destruction de l'ancien mouvement ouvrier fait de lui une des puissances fondatrices de la société présente 106). Selon Debord, au fil des luttes et avec la victoire de la bourgeoisie, celle-ci a imposé à la société un temps historique irréversible 143) et avec le développement du capitalisme, le temps irréversible est unifié mondialement 145), or ce temps irréversible unifié est celui du marché mondial, et corollairement du spectacle mondial 145). [...]
[...] La marchandise domine la vie sociale et prend même en charge les loisirs du travailleur. Avec la société capitaliste, la valeur d'usage diminue dans la consommation des marchandises modernes et le consommateur devient consommateur d'illusion. La marchandise est cette illusion effectivement réelle et le spectacle sa manifestation générale 44). Dans le chapitre IV, Debord s'attache à la théorie marxiste et au mouvement prolétarien. Debord développe un raisonnement selon lequel l'évolution du mouvement prolétarien aurait créé une société favorable à l'apparition du spectacle. [...]
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