Guillaume Apollinaire (1880-1918) est un célèbre poète du XXe siècle. Il est connu pour avoir écrit Les Calligrammes mais aussi Alcools publié en 1913 d'où est extrait ce poème intitulé 1909. L'auteur de La Loreley y fait la description superficielle d'une femme dont la beauté inégalable trouble son propre regard.
Comment Apollinaire transforme-t-il la belle femme en une menace ?
[...] Nous avons bien vu qu'Apollinaire voue une réelle peur envers les belles femmes qu'il voie comme des nymphes irrésistibles et que dans ce sens il se tourne vers une gent féminine moins séductrice. Mais ce type de femmes ne peuvent-elles pas se transformer en charmeuse ? C'est en ce sens que nous allons nous pencher sur l'utilisation d'un mythe imaginaire, mais très connu à l'époque d'Apollinaire. Il est connu que les femmes ont la capacité de se transformer au grès de leurs envies pour ainsi répondre à leurs attentes et à celles des hommes. De ce fait, une femme d'un milieu populaire ne pourrait-elle pas devenir une séductrice ? [...]
[...] De plus pour insister sur cette humeur radieuse : son visage rayonne, il est très coloré : (vers Les yeux bleus les dents blanches et les lèvres rouges L'aède met en avant que les teintes du portrait sont celles du drapeau français par la reprise d'une même expression au vers 8 et 10 : Elle avait un visage aux couleurs de France Cette insistance serait-elle un procédé pour signaler que la jovialité de la jeune femme s'apparente à chaque membre du peuple français ? Il y a donc une personnification du drapeau français. Dans ce poème, Apollinaire en avant la beauté inégalable de la jeune femme, telle une déesse. Mais qu'elle impacte cette beauté produit-elle sur l'auteur ? Nous allons donc à présent nous pencher sur la misogynie de poète pour les vamps. Apollinaire aime la femme dans toute sa splendeur, mais sa beauté l'effraye. [...]
[...] Cette hypothèse se confirme au vers 12 Et coiffée à la Récamier la coiffure de la dame s'apparente donc à celle que portait Madame Récamier, caractérisée par des cheveux bouclés relevaient au-dessus de la nuque par un turban : (vers 19) Son bandeau d'or (vers 18) Promenait ses boucles Apollinaire s'attarde également sur l'expression de la jeune muse, il lui donne un air gai, jovial caractérisé par le rire : (vers Elle riait elle riait par la reprise du thème du regard très important chez Apollinaire, car selon lui, ils sont le miroir de l'âme. Ici, ces yeux sont beaux et guillerets : (vers Les yeux dansants comme des anges L'auteur suppose donc implicitement le caractère enjoué et amusant de la demoiselle. [...]
[...] Pour lui, l'emprise qu'elle a sur l'homme est maléfique, destructrice, c'est un poison pour celui qui subit son charme. Il émet donc l'idée qu'il est inutile de s'attarder à l'aimer : (vers 22) Que tu n'aurais pas osé l'aimer au risque de souffrir, car l'amour et la beauté sont synonymes de douleur et déchirement. Cette femme ne serait donc pas le portrait de Marie Laurencin, femme qu'il a peur d'aimer après avoir eu le cœur brisé par Annie Playden ? [...]
[...] Apollinaire aime la femme tant qu'elle ne représente aucune menace, mais il est tout de même irrésistiblement attiré par la beauté, thème très souvent abordé dans ses poèmes, notamment dans celui-ci où il fait l'éloge de la beauté dont il est effrayé. Il évoque le danger par le biais de toute sorte de comparaisons à connotations péjoratives : la belle femme et la pauvre femme, par l'utilisation de mythe imaginaire comme Cendrillon et par une généralité propre à tous les hommes. Les thèmes abordés se rapprochent nettement de beaucoup de poèmes du recueil Alcools comme Les Colchiques ou La Loreley qui représentent également la femme comme une menace. [...]
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