Verte, Marie Desplechin, dualité adolescente sorcière, sorcellerie, narration polyphonique, monoparentalité, littérature pour enfants, histoire généalogique, construction identitaire
La famille et l'enfance sont deux des thèmes récurrents qu'utilisent l'auteur, qui apparaissent dans son roman Verte. Ce best-seller, dans la littérature pour enfance, fait partie d'une - pour le moment - trilogie, dont Pome et Mauve sont les suites. La première couverture de Verte est un dessin extrait de Radada, la méchante sorcière. Cette sorcière est humoristique et rappelle à la fois l'image collective de la sorcière, laide, de noir vêtue, avec un chapeau pointu, en étant "contemporaine", lisant des bandes dessinées. Le "centre monde" dont parle Marie Desplechin peut se retranscrire dans cet horizon d'attente double : à la fois la méchante sorcière des frères Grimm (Jorinte et Joringel) mais également La Sorcière de la rue Mouffetard, plus drôle, de Pierre Gripari. Une réédition de Verte montre sur la couverture une petite fille pensive, en premier plan, alors qu'en arrière-plan une femme réalise une potion.
[...] Le conditionnement genré se fait de manière intertextuelle: je ne connais pas de sorcier vivant L'intertextualité est lisible dans le non- dit : la mère connaît des sorciers morts (Merlin par exemple Or, l'image de la sorcière est stéréotypée : soit méchante (Ursule rappelant Ursula dans La Petite Sirène de Walt Disney et le prénom Verte, choisi par Ursule, rappelle l'épiderme de la méchante sorcière dans Le Magicien d'Oz), soit drôle et excentrique (Anastabotte rappelant dans son accoutrement la Sorcière Endora de Ma Sorcière bien aimée). Verte, nouvelle génération, s'y refuse et entraîne Soufi, son ami, à s'initier la Sorcellerie. Verte revendique une société égalitaire, par le travail (la Sorcellerie étant ici un travail). D'autres romans lui donnent raison, comme Harry Potter qui fait apparaître une mixité dans un cadre scolaire. L'adolescence Nos relations se sont dégradées quand j'ai grandi. Elle s'est mis en tête de faire de moi une sorcière. Verte[23] Verte est pré-adolescente, elle a onze ans. [...]
[...] Marie Desplechin, de nationalité française, possède une formation littéraire et journalistique. Même si elle écrit pour les adultes, elle est principalement connue en tant qu'auteure pour la jeunesse (et traitant de la jeunesse). Dans un entretien accordé à Télérama[1], Marie Desplechin précise, qu'au sein de sa famille, elle était aînée de la nouvelle génération, ( ) dans un ‘centre monde' Issue d'une grande famille, elle y apparaît comme isolée : il y avait les adultes et les enfants, rien au milieu, sauf moi, qui naviguait des uns aux autres La famille et l'enfance sont deux de ses thèmes récurrents, qui apparaissent dans son roman Verte. [...]
[...] La construction de l'enfant est abordée en filigrane : quelle est la part du libre arbitre ? du fatalisme ? Ursule s'est mis dans la tête de faire de Verte une grande sorcière : cela renvoie à ces parents qui imposent des carrières à leurs enfants (virtuoses, affaire de famille En refusant cette liberté à Verte, Ursule atténue un féminisme : elle privilégie son propre pouvoir (maternel) à l'empouvoirement [21]de sa fille. Le réel pouvoir d'une femme au XXe siècle est en effet cette nécessité de pouvoir disposer librement de son corps et de ses choix. [...]
[...] goûte l'inconnu Ainsi, à travers la multitude de voix narratives, ce qui est demandé au lecteur c'est de ne pas être dans une réflexion univoque et appréhender des sujets aussi importants que la famille ou l'adolescence. Sorcellerie : une généalogie familiale Lorsque j'ai été mère à mon tour, je me suis réjouie de pouvoir transmettre le relais à ma fille. Rien n'est plus beau que de façonner un jeune être à son image. Ursule[15] La sorcellerie est intergénérationnelle et héréditaire et se transmet de mères en filles uniquement. [...]
[...] Le perspective narrative utilisée, la voix narrative à la première personne, justifie que les morceaux d'histoire ne sont que des perceptions subjectives du personnage-narrateur, et cela même lorsqu'il retranscrit des propos d'autres personnages, des modalisateurs venant perturber l'objectivité Déjà a-t-elle marmonné Oui, oui, a grogné [12]ma mère. Cette diversification des points de vue permet de faire appel à l'imagination, et à l'esprit critique, du jeune lectorat. Par exemple : quelle vision le lecteur peut-il avoir d'Anastabotte ? celle d'une mère sévère, lorsqu'elle éleva Ursule ? [...]
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