Égéries du surréalisme, Portrait de Neusch Eluard, Magritte, Man Ray, Picasso, Miro, Les yeux stériles
Le 21 mai 1930, Nusch rencontre Paul Eluard. Pour le poète, ce fut comme une apparition. Leur histoire d'amour commence. Lui écrit, elle l'inspire. En 1932, il lui dédie un recueil, La Vie immédiate, composé de 54 poèmes dont un est explicitement intitulé "Nusch". Un an après sa mort, en 1947, il écrit sous un pseudonyme Le Temps déborde, en hommage à sa femme. Mais cette femme n'a pas inspiré que ce poète amoureux d'elle. Nusch Eluard est véritablement une des égéries du surréalisme. Cette figure féminine incarne le désir, la liberté, propre à ce mouvement littéraire et artistique. Magritte, Man Ray, Picasso, Miro, nombre d'artistes de cette époque voyaient en elle une muse. Sensuels, érotiques, charnels et surtout pleins de désir, les portraits de Nusch Eluard sont donc à la fois littéraires et artistiques, un peu à la manière que ceux que Gala a inspiré aux mêmes hommes. Amour chez Eluard, elle est aussi et surtout désir et sensualité chez Man Ray.
[...] Le banc de sable du premier plan ainsi que la haute mer au second plan sont symbolisés par les deux alexandrins qui encadrent le poème. Au contraire, les octosyllabes, plus courts, semblent répondre aux ondulations de l'eau, au centre du dessin. La femme, le dessin et le poème se confondent. Or cette fusion passe par l'assimilation à la nature. Le dessin permet à la femme de se fondre dans la plage. Ceci est rendu par l'emploi du pronom personnel de la troisième personne du pluriel. Tout est confondu. La nature englobe à la fois le désir et la femme. [...]
[...] Nous ne nous sommes pas encore penchés sur l'étude du tableau de Miro, qui peut être maintenant très intéressant pour notre avancée. En effet, le peintre espagnol intitule son œuvre Hommage à Nusch, l'inspiration nous parait tout à fait évidente. Il y représente une sorte de derrière un personnage qui semble être effectivement Nusch. Elle est dessinée de manière relativement schématique. Elle est dans ce qu'on pourrait considérer comme un ciel, peut-être entourée d'oiseau et d'étoiles. Elle est bien un rêve, un songe, une illusion. [...]
[...] VIEUILLE Chantal, Nusch Portrait d'une muse du Surréalisme, Livre à la carte, Paris page 80 ELUARD Paul, RAY Man, Les Mains libres, Folio, Barcelone page 21, C'est elle ELUARD Paul, RAY Man, Les Mains libres, Folio, Barcelone page 31, L'aventure GÂTEAU Jean-Charles, Paul Eluard et la peinture surréaliste, DROZ, Genève page 268. VIEUILLE Chantal, Nusch Portrait d'une muse du Surréalisme, Livre à la carte, Paris page 80. ELUARD Paul, Le temps déborde in Œuvres complètes, Tome Gallimard, La Pléiade, Bruges LA PLAGE Tous devaient l'un à l'autre une nudité tendre De ciel et d'eau d'air et de sable Tous oubliaient leur apparence Et qu'ils s'étaient promis de ne rien voir qu'eux-mêmes. [...]
[...] La femme est toujours liaison, la ligne de son corps est le prolongement d'un objet. La femme n'est jamais représentée pour elle-même, comme un simple portrait. Elle est en relation avec son environnement. Or cette relation n'est pas une rupture ou une mise à l'écart, mais bien une jointure entre le monde et la femme. La femme unifie le monde, l'univers. Pourtant, pour les surréalistes, l'univers ne se cantonne absolument pas au matériel, au physique. Les rêves, les fantasmes, les productions de l'inconscient en sont une partie non négligeable. [...]
[...] Dans Les Sens la femme dessinée comme dans le poème, la bouche ouverte et les paupières fermées. Elle semble clairement exprimer le plaisir physique. De même, la représentation de Le temps qu'il faisait le 14 mars est très certainement une mise en image d'un orgasme. La verticalité de ce qui semble être un dolmen, à l'arrière-plan, est reprise par la posture de la femme. L'ensemble, phallique, est d'autant plus évocateur de la sexualité que la femme semble porter du rouge à lèvres, des faux cils et des bracelets. [...]
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