Les personnages des œuvres de Beckett sont particuliers. Vieux, mal en point, vagabonds, déshérités, laissés pour compte, ils incarnent l'humanité dans ce qu'elle a de tragique et dérisoire. Hamm et Clov dans "Fin de partie" ne dérogent pas au principe. Comme la plupart des personnages de Beckett, ils sont marqués par la souffrance corporelle et sont engagés dans un processus de détérioration. Vieux et solitaires, ils souffrent physiquement et moralement.
Mais si leurs relations sont emblématiques de celles entretenues par les différents duos présents dans ses œuvres, ils ont toutefois leur singularité. Prisonniers du même lieu, ne pouvant se passer l'un de l'autre, ils entretiennent une relation ambivalente qui est à la base même de l'écriture théâtrale.
[...] l'interdépendance Les multiples tentatives non suivies d'effet de Clov pour quitter Hamm illustrent l'interdépendance dans laquelle ils se trouvent: Hamm- Pourquoi restes-tu avec moi?/ Clov- Pourquoi me gardes-tu?/ Hamm- Il n'y a personne d'autre/ Clov- Il n'y a pas d'autre place (20). L'échange où l'on peut retrouver le rythme de la stichomythie souligne toutefois leur complicité. Celle-ci reste très forte. Ils rient ensemble, jouent sur les mots, se comprennent, sont impensables l'un sans l'autre. Clov ne part pas finalement et reste immobile dans sa tenue de départ. Reclus, isolés dans un univers hostile, les deux personnages ne vont pas l'un sans l'autre. Littérairement comme scéniquement, ils se donnent la réplique. [...]
[...] La plupart de ses phrases sont de modalité impérative et interrogative. Ses demandes rythment les allées et venues de Clov de la cuisine à la pièce où il se trouve et découpent l'action Il ne cesse de se contredire et ses ordres contradictoires ont de quoi rendre Clov totalement fou. Tu me rends enragé, je suis enragé s'exclame Clov vers la fin (101). Leurs deux noms illustrent cette relation: l'un est le marteau, Hamm peut en effet être lu comme le diminutif de hammer qui veut dire marteau en anglais le clou de girofle ou que l'on joue sur la similarité en latin du et du -v. [...]
[...] Le temps ne passe pas, ce que les didascalies (Un temps) qui émaillent le texte soulignent et font ressentir en ralentissant, pour le lecteur, le cours de ce qu'il lit et en obligeant les acteurs sur scène à suivre un rythme lent. Hamm, quand il ne soliloque pas, sollicite sans arrêt l'attention de Clov et la pièce est principalement constituée de leur dialogue, lui-même entrecoupé de quelques intermèdes. Les préoccupations de Hamm sont très concrètes, les réponses de Clov ne le sont pas moins. Il faut tenir jusqu'au bout et cela ne va pas sans conflit. [...]
[...] Les personnages de Hamm et de Clov dans les pièces de théâtre de Beckett Les personnages des œuvres de Beckett sont particuliers. Vieux, mal en point, vagabonds, déshérités, laissés pour compte, ils incarnent l'humanité dans ce qu'elle a de tragique et dérisoire. Hamm et Clov dans Fin de partie ne dérogent pas au principe. Comme la plupart des personnages de Beckett, ils sont marqués par la souffrance corporelle et sont engagés dans un processus de détérioration. Vieux et solitaires, ils souffrent physiquement et moralement. [...]
[...] Les deux personnages sont en opposition constante, à de rares exceptions près. Clov conteste ce que lui dit Hamm, récuse pratiquement tous ses ordres même s'il en exécute la plupart: Hamm- Prépare-moi. Je vais me coucher./ Clov- Je viens de te lever/ Hamm- Et après?/ Clov- Je ne peux pas te lever et te coucher toutes les cinq minutes. J'ai à faire (18). Il ne s'agit pas d'un débat de valeurs, mais d'un jeu d'opposition pure sur des projets très concrets. [...]
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