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Les personnages féminins tels que Médée, Lady Macbeth ou Lucrèce Borgia dans le théâtre tragique constituent les avatars d'une féminité vengeresse et violente, qui semble manifester un raffinement particulier dans l'expression de l'horreur. Mais cette horreur est-elle pour autant le fondement de leurs identités ? Comme nous invite à le considérer la metteuse en scène Lucie Berelowitsch : « Si Lucrèce est monstrueuse, peut-être est-ce avant tout un effet de la monstruosité de ces hommes autour d'elle, de ses frères et de son père le pape, et lorsqu'elle aspire à une rédemption possible, elle est rattachée par son nom, son histoire, par ce qu'elle représente dans la société ».
[...] De ce fait, l'horreur que l'on reproche à ces femmes vient de ce qu'elles refusent d'être faibles et ripostent sur un mode qui n'est pas le mode du sacrifice, contrairement à certaines figures féminines positives du renoncement (Bérénice notamment). Conclusion Ainsi, l'horreur donnée à voir au travers des personnages féminins doit être rapportée au cadre dans lequel elle s'exprime : le théâtre en effet repose sur des effets de contrastes et d'action, dont les personnages féminins sont les vecteurs, en partie à cause d'une conception de la féminité reposant sur la méfiance et la crainte. [...]
[...] Enfin, le poids du nom suggéré par Berelowitsch s'illustre peut-être symboliquement Dans Lucrèce Borgia lorsque Gennaro mutile le nom Borgia en Orgia : paradoxalement, cette insulte ne concerne pas Lucrèce, mais bien les papes et plus généralement sa famille. En réalité, la violence féminine à l'oeuvre est une expression de la symbolique théâtrale La ruse, présentée comme une caractéristique féminine, est un ressort de l'action théâtrale Initiée par les femmes mais acceptée par les hommes car elle sert le déroulement de l'action, la ruse constitue un ressort de l'action permettant la résolution des intrigues. [...]
[...] De ce point de vue, l'horreur n'est pas seulement celle des femmes mais constitue une construction collective. De la même manière, la concrétisation de la violence est aussi le fait des hommes : c'est en effet le mari de Lucrèce qui vient se saisir de Gennaro : Lucrèce au contraire tente de le sauver et elle se sauve à ses dépens (acte II première partie). Mais surtout, mêmes lorsque les femmes portent la responsabilité de la ruse et de l'horreur, rappelons que les hommes obtempèrent toujours car ces actions servent leurs intérêts : Macbeth se laisse ainsi rapidement convaincre par sa femme de la nécessité d'assassiner le roi. [...]
[...] Médée - Sénèque (Ier siècle) ; Macbeth - Shakespeare (1623) ; Lucrèce Borgia - Victor Hugo (1833) - Ces personnages féminins sont-ils entièrement responsables de leur caractère monstrueux, ou bien ce dernier procède-t-il au contraire d'une construction plus collective ? Introduction Les personnages féminins tels que Médée, Lady Macbeth ou Lucrèce Borgia dans le théâtre tragique constituent les avatars d'une féminité vengeresse et violente, qui semble manifester un raffinement particulier dans l'expression de l'horreur. Mais cette horreur est-elle pour autant le fondement de leurs identités ? [...]
[...] Ainsi, Lady Macbeth maquille la scène du crime pour faire accuser les chambellans (acte ce qui constitue une étape supplémentaire d'engagement dans le crime, par rapport à la simple conception d'un plan. De même, Lucrèce annonce elle-même au groupe de nobles qu'elle vient d'empoisonner qu'il leur reste moins d'une heure à vivre, et à la suite de cette annonce, fait apporter des cercueils dans la salle de banquet. Médée quant à elle met à mort ses propres enfants dans le dernier mouvement de la pièce de Sénèque. [...]
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