Paradoxalement, Charles semble enfin rejoindre Emma à la toute fin du roman. Il finit sa vie dans « la tonnelle » du jardin, dans un décor très romantique : la tonnelle est en fleurs (« le jasmin », « lis en fleurs »), elle embaume. Décor naturel, qui témoigne d'une beauté simple et d'une harmonie : les « jours » qui passent par le treillis, « des cantharides bourdonnaient » : paysage gai et ensoleillé avec un ciel « bleu » et les « jours passaient sous le treillis ». « Les feuilles de vigne dessinaient leurs ombres... » : le verbe « dessiner » apparente ce paysage à la toile d'un peintre. Charles apparaît en osmose avec ce cadre (...)
[...] On notera aussi que le personnage de Charles était entré dans le roman par des yeux extérieurs, celui des écoliers, et que sa sortie se fait sous le regard enfantin de Berthe ; cependant, ce regard n'a pas la cruauté des écoliers, et cette sortie se fait presque avec tendresse («elle le poussa doucement Le lecteur glisse sur la mort de Charles. En effet, l'autopsie de Charles le réduit à néant. L'idée de rapidité, de simplicité et de sécheresse apparaît dans la phrase M. Canivet accourut. Il l'ouvrit et ne trouva rien. [...]
[...] De elle est dénommée par l'appellation bien peu affective de mademoiselle Bovary ( Impression d'une fatalité qui se serait abattue sur la famille suite aux fautes d'Emma. L'irruption du présent elle est pauvre et l'envoie dans une filature de coton. dans le récit au passé donne une dimension actuelle au constat. Par-delà le sort de ce personnage de fiction, c'est un fait social que décrit Flaubert : la paupérisation, revers de l'industrialisation florissante du pays. ( Passage satirique : Flaubert nous montre qui est vainqueur et qui est perdant. Dans cette bataille, la morale est malmenée. [...]
[...] Charles apparaît en osmose avec ce cadre. En point d'orgue du paragraphe, le verbe suffoquait et l'expression les vagues effluves amoureux rapprochent le personnage de l'univers romantique d'Emma. Ce moment d'abandon confère à Charles une certaine poésie, une nouvelle jeunesse avec la comparaison suffoquait comme un adolescent Enfin, lors de cette scène, plane le fantôme d'Emma : d'abord la couleur bleu est la couleur de l'héroïne, et Charles tient dans la main une longue mèche de cheveux noirs : il s'agit donc d'une scène de souvenir, et pour un bref instant, la mort fait accéder Charles- incarnation de la médiocrité- au sublime : cœur chagrin tête renversé et yeux clos posture du héros romantique dévoré par la douleur. [...]
[...] 409/410 Il s'agit de l'épilogue de Mme Bovary. Cet épilogue est consacré à la mort de Charles. Cependant, le personnage est rapidement «effacé par l'auteur, qui relate le triomphe d'Homais. On peut donc parler de double fin ou de double dénouement I La disparition discrète de Charles : La mort de Charles est racontée en 2 temps : - d'abord, dans une perspective spatiale, avec une mise en scène romantique ; - puis, à travers l'anecdote liée à Berthe qui pense que son père dort. [...]
[...] Le destin des Bovary laisse le lecteur sur l'impression d'une injustice. Homais a construit sa fortune sur la ruine des autres, celle des Bovary, mais le texte nous montre également comment il s'empare illégalement de la clientèle des médecins successeurs de Charles. Comble de l'injustice, le pharmacien bénéficie d'appuis légaux, officiels : l'autorité le ménage et l'opinion publique le protège Il bénéficie donc de la reconnaissance de la société et apparaît triomphant : la décoration qui lui est attribuée est imméritée et laisse transparaître la vanité du personnage : la croix d'honneur laisse envisager un destin politique pour le pharmacien. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture