Du côté de chez Swann, Marcel Proust, 1913, À la recherche du temps perdu, Stéphane Heuet, 1998, 2021, L'amour de Swann, Volker Schlöndorff, 1984, portrait, Madame de Verdurin, bande dessinée, film, adaptation, objet de réappropriations, valeurs, personnage, cycle proustien, littérature française, oeuvre culturelle, analyse comparatiste, postérité, littérature classique, société critiquable, cinéma, narration proustienne, culture française
« Madame Verdurin entreprend sa longue trajectoire dans À la recherche du temps perdu en étant d'emblée défigurée », écrit Sophie Duval, spécialiste de la littérature comique et de la stylistique proustienne. De fait, personnage-épigone de la narration proustienne, Madame Verdurin connaît une certaine postérité dans l'histoire de la littérature française et, plus largement, de l'histoire transversale de la culture en France. Ainsi en est-il non seulement, bien entendu, de Proust lui-même qui, depuis Du côté de chez Swann, premier volume d'À la recherche du temps perdu, fait exister le personnage de Madame Verdurin ; la bande dessinée de Stéphane Heuet reprenant les volumes proustiens de la Recherche et l'oeuvre cinématographique de Volker Schlöndorff et, en particulier, le film L'Amour de Swann, reprenant le titre du deuxième volume du cycle proustien et sorti en 1984 sur les écrans. De fait, le personnage de Madame Verdurin n'est pas seulement réductible à un simple aspect narratif : il englobe plusieurs dimensions.
[...] Du côté de chez Swann - Marcel Proust (1913), À la recherche du temps perdu - Stéphane Heuet (1998-2021) et L'amour de Swann - Volker Schlöndorff (1984) - Commentaire comparé sur le thème "Le portrait de Madame de Verdurin" « Madame Verdurin entreprend sa longue trajectoire dans À la recherche du temps perdu en étant d'emblée défigurée », écrit Sophie Duval, spécialiste de la littérature comique et de la stylistique proustienne. De fait, personnage-épigone de la narration proustienne, Madame Verdurin connaît une certaine postérité dans l'histoire de la littérature française et, plus largement, de l'histoire transversale de la culture en France. [...]
[...] Swann pour Odette et qu'expose Schlöndorff, autant que la bande dessinée, de réappropriation, de Heuet, qui postule l'image comme une force supplémentaire au texte pour apposer un visuel à la frustration des désirs dans le cénacle de Verdurin. Madame Verdurin comme objet de réappropriations La réappropriation de Madame Verdurin tient donc à sa qualité d'institution, par-delà le personnage qu'elle incarne dans ses désirs comme dans ses velléités propres. « Madame Verdurin interdit la sexualité aux membres de son salon, va jusqu'à provoquer des ruptures pour préserver l'indissoluble unité de son clan et n'encourage qu'un lien vertical à elle-même, icône autoproclamée de ce salon déclassé ». [...]
[...] Tout ce qui peut ressortir chez ce dernier, c'est donc la frustration, grisé de cet amour qu'il ne peut atteindre : d'où la jalousie furieuse qu'il éprouve face à cette situation, voyant Odette évoluer hors de son contrôle. Tel est le propre de cette institution, soit le contrôle. Un contrôle qui s'exerce dans de petites sphères de pouvoir et qui, malgré tout, irrigue la représentation de cette société corsetée de la fin du XIX[e] siècle : « En ces domaines, l'affrontement est rarement direct : la montée des Verdurin se fait au sein d'un cercle tellement clos qu'elle peut même échapper au lecteur ». [...]
[...] Dès lors, dans quelle mesure le portrait interdisciplinaire commis de Madame Verdurin dans le cycle proustien (en particulier Du côté de chez Swann), la bande dessinée de Stéphane Heuet et le film de Volker Schlöndorff se révèle-t-il particulièrement dans lesdites œuvres culturelles par une analyse comparatiste ? S'il est certain que Madame Verdurin constitue un réceptacle, un personnage indexé sur les échelles et les grilles axiologiques du temps et de l'époque où Verdurin évolue il est toutefois notable que c'est ce personnage qui fait l'objet de réappropriations au sein du cycle proustien parmi tant d'autres (II). [...]
[...] Dans la longue séquence évoquée, la socialité déborde de partout les personnages. Charlus chez les Verdurin, c'est comme une institution vivante : il est de la plus haute aristocratie ; il aborde ses hôtes avec un mépris teinté de sexualité, croyant entrer dans une maison de passe ; il fait même de son homosexualité un noble héritage renvoyant aux mères profanées. Soit autant de prestiges que les Verdurin tentent de retourner à leur avantage ». Pour autant, la contrition dont font preuve les personnages sous l'influence de Madame Verdurin et de son clan - engendrant des frustrations, des passions réprimées, des élans amoureux arrêtés - augmente encore la détestation pour le personnage de Verdurin qui est un personnage de sanction. [...]
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