Calligrammes - Guillaume Apollinaire (1918) - Comment ces poèmes à double dimension, visuelle et typographique, mais aussi sonore, interrogent le rapport de l'homme à sa mortalité ?

Thèmes abordés

Calligrammes, Guillaume Apollinaire, poésie graphique, lyrisme visuel, idéogrammes lyriques, Pierre Albert-Birot, Paysage, Ondes, Poème-Paysage, La joie des sept couleurs, maison, foyer, arbrisseau, cigare, nuage, fumée, dimension visuelle, dimension typographique, dimension sonore, naissance, enfance, âge adulte, vieillesse, mort, cycle des saisons, cycle de vie, notion de sacrifice, mission de protection, Première Guerre mondiale, tristesse

Résumé du document

"Calligrammes", du grec to kallos (beauté) et to gramma (lettre) est une oeuvre dont le titre sous-tend une volonté de proposer une poésie qui lie l'esthétique des mots à une esthétique visuelle. Ce type de poésie originale est qualifiée de lyrisme visuel. Son créateur, le poète, Guillaume Apollinaire, propose une poésie dont lettres et mots sont disposés de façon à donner à voir des figures auxquelles il donne le nom d'"idéogrammes lyriques". Cette forme de poésie originale est aussi parfois appelée poésie graphique. Le dessin qui nous est donné à voir représente généralement le sujet du texte, mais son interprétation demande une lecture active. En effet, le lecteur doit chercher la direction des phrases pour comprendre le sens du calligramme. D'autres auteurs se sont attelés à ce type de création et il n'est guère étonnant de trouver parmi eux le peintre et poète Pierre Albert-Birot, adepte du visuel et des mots.

Extraits

[...] Cette idée d'élévation se retrouve aussi dans la maison d'Albert-Birot, dont le toit s'auto qualifie de « noble ». S'exprimant à la première personne du singulier, la maison est personnifiée. La parole lui est donnée et elle a beaucoup de choses à relater : le « je » est employé neuf fois, les pronoms personnels « me » deux fois et le pronom possessif « mes » une fois. Elle est la figure féminine qui fait entendre sa voix. Nous trouvons ici l'expression d'un lyrisme où les sentiments sont tantôt positifs (« gai »), tantôt négatifs (« triste ». [...]

[...] Comment ces poèmes à double dimension, visuelle et typographique, mais aussi sonore, interrogent le rapport de l'homme à sa mortalité ? Nous examinerons de quelle façon les auteurs, non sans un certain lyrisme, nous présentent le cycle de vie : de la naissance et l'enfance à l'âge adulte, jusqu'à la dernière heure. I. La symbolique de la maison Les relations amoureuses sont les prémisses de l'accouplement qui donne lieu à la vie. Le moment où l'on advient à la naissance est présenté chez Apollinaire par le premier dessin : la maison. [...]

[...] Puisque c'est généralement avec amour que le parent voit l'autre en son enfant. Il est une part de ses deux parents, et l'amoureux aime ainsi l'autre à travers lui. Ce petit être qui, en encore au stade du printemps de sa vie, est en pleine croissance. II. La croissance : l'arbre et l'arbrisseau La naissance est le prélude, puis l'enfant, l'« arbrisseau » grandit. Ce sont là les premières étapes. L'enfant devenu adulte peut à son tour s'unir à une personne pour donner la vie. [...]

[...] En effet, l'enfance représente la seconde période de vie. Plus petit que le motif précédent, l'arbrisseau d'Apollinaire figure l'être encore en devenir, celui qui voit s'ouvrir à lui encore toutes les possibilités : l'enfant. Le verbe « fructifier » donne l'image de celui qui n'est pas encore advenu à maturité, il en est encore au début de sa vie. La référence aux parents est implicite. Nous la trouvons dans le choix du verbe « ressembler ». En outre, le déictique « te » [« te ressemble »] reste vague, même en actualisation avec le contexte. [...]

[...] Chez Apollinaire, c'est aussi un cycle en quatre temps : la naissance, la croissance de l'enfant, puis la vie qui passe jusqu'à la séparation du couple à la mort. Toutefois, chez ce dernier, c'est la fugacité de la vie qui est mise en exergue. La vie est un comme un cigare, elle se consume, elle s'évapore et finit par s'éteindre. Le contexte d'écriture de son recueil aura sans doute influencé cette vision d'une vie qui peut s'éteindre aussi vite que se fume un cigare. [...]