Commentaire de texte d'un extrait des Illusions Perdues d'Honoré de Balzac
[...] Il faut être capable « avaler des crapauds vivants ». De même, nous pouvons souligner que la mise en association de la « boue » et « du journal » interpelle lorsque l'on connait le poids important qu'à cette fameuse boue dans l'oeuvre balzacienne. Vue comme l'abomination ultime et comme le principal mal de la ville de Paris selon l'auteur, cette proposition prend alors tout son sens lorsque l'on sait que ce « journal » est l'outil de travail de Lousteau. [...]
[...] Pire, c'est pour Lousteau un « Enfer » dont il est le « damné ». De même, en plus de critiquer les « maçons », Lousteau attaque l'écrit journalistique qui ne sont que des « papiers noircis », « des bêtises de quinze jours » qui s'opposent à « un chef d'œuvre qui veut du temps pour se vendre », car en effet, la presse est présentée comme un commerce et non pas comme un art. La métaphore « nous sommes des maçons » et « les propriétaires de journaux des entrepreneurs » suffit à elle-même pour illustrer le propos. [...]
[...] De même, dans une dimension moins éclairante mais présente, quelques références bibliques finies d'asseoir l'image d'intellectuel dont se réclame Lousteau. Ces éléments permettent donc de justifier de la qualité littéraire du personnage et donne donc du crédit lorsqu'il explique la mésaventure dont il a du faire : « j'ai mis la fleur de mon esprit pour un misérable qui les disait de lui ». Cette expérience qui l'a poussé vers le journalisme semble lui avoir donnée une image négative du monde qui l'entoure. [...]
[...] Tout au long du passage étudié, Lousteau semble vouloir se présenter à Lucien comme une victime des réseaux littéraires ayant raté sa vie. Après s'être arrêté sur la vision qu'il nous transmet du provincial qu'il fut, il nous permet de brosser un portrait psychologique d'un homme rangé par l'amertume. Pourtant, Balzac nous laisse percevoir avec finesse et délicatesse un détail qui doit nous obliger à prendre le recul nécessaire sur la sincérité des propos de son personnage. Nous pouvons, dans un premier temps, reconnaître l'homme de lettres qui transparaît dans les paroles qu'il utilise. [...]
[...] Lousteau, journaliste de La Comédie humaine, est l'exact opposé de Virgile, poète de La Divine Comédie. Le second guide Dante à travers l'Enfer pour que sa raison tire de la connaissance des châtiments divins la force qui lui permettra d'éviter la damnation ; le premier fait visiter l'Enfer à Lucien pour éventuellement l'y plonger et l'y tenir en servitude. En réalité, Lousteau a aussi des motifs égoïstes de faire de Lucien son camarade, ce que le jeune homme naïf n'aperçoit pas : « [ . [...]
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