On peut commencer ce panorama historique par une question : quand devons-nous faire commencer l'histoire du « genre autobiographique » ? Les avis sont partagés… Beaucoup ne veulent pas entendre le nom de Saint-Augustin, pour des raisons peu claires, à vrai dire. Pourtant, il nous semble difficile de gommer sa présence dans le titre de Rousseau. Il est vrai que ce dernier, en appelant son livre « Les Confessions », semblait rayer, peut-être, comme par-dessus les siècles, son brillant devancier. Doit-on en cela l'imiter ? Je ne crois pas. Il est entendu que Rousseau est « le fondateur », l'initiateur plutôt, de l'autobiographie moderne. Pour autant, il est à situer dans une histoire plus longue dans laquelle il s'inscrit… La démarche autobiographique est certainement, en effet, à rattacher au désir de se mieux connaître, présent chez les philosophes de l'Antiquité. Et Augustin, qu'on le veuille ou non, nous rattache à sa façon à cette histoire plus longue, en faisant la jointure avec le christianisme.
[...] Au contraire, on pourrait dire que la modernité, le phénomène littéraire appelé modernité met en valeur l'autobiographie, à tel point d'ailleurs que certains pensent que le moi le je (quand ils ne disant pas, moins recherché, le nombril ont pris une importance trop grande. Chacun est juge. Mais il est difficile de considérer, pour un moderne, à la façon des Grecs par exemple, que c'est la vie qui se révèle à travers l'œuvre. Peut-être devons-nous retrouver cette perspective ; peut-être manque-t-elle en effet à notre littérature. Mais on doit aussi considérer que pour reconnaître la vie à l'œuvre, nous avons besoin d'en passer par l'existence. Et c'est bien de cela qu'il est au moins question dans une autobiographie : la révélation d'une existence. [...]
[...] (p.158) Et le face-à-face avec le lecteur peut alors prendre corps : Si peu maître de mon esprit, seul avec moi-même, qu'on juge de ce que je dois être dans la conversation, où, pour parler à propos, il faut penser à la fois et sur-le-champ à mille choses. La seule idée de tant de convenances, dont je suis sûr d'oublier au moins quelqu'une, suffit pour m'intimider. (p.160) Ainsi, progressivement, nous entrons dans l'intimité de Rousseau, nous entrons dans cette conversation avec lui-même qui fait tout le bonheur de cette lecture. [...]
[...] Le titre n'est donc pas fortuit. Et, à l'encontre d'une idée reçue, ce n'est donc pas le hasard qui préside à son établissement. -origine de la révolte : Rousseau n'est pas à l'origine du peigne cassé et pourtant il est accusé. Injustement. Ce premier sentiment de la violence et de l'injustice est resté si profondément gravé dans mon âme, que toutes les idées qui s'y rapportent me rendent ma première émotion, et ce sentiment, relatif à moi dans son origine, a pris une telle consistance en lui-même, et s'est tellement détaché de tout intérêt personnel, que mon cœur s'enflamme au spectacle ou au récit de toute action injuste, quel qu'en soit l'objet et en quelque lieu qu'elle se commette, comme si l'effet en retombait sur moi. [...]
[...] 63-64) La réflexion sociale de Rousseau provient certainement de cette époque terrible pour l'enfant et l'adolescent : Avant de m'abandonner à la fatalité de ma destinée, qu'on me permette de tourner un moment des yeux sur celle qui m'attendait naturellement si j'étais tombé dans les mains d'un meilleur maître. La réflexion de Rousseau sur le pouvoir est certainement née de cette expérience cuisante par bien des aspects. Et l'on peut bien considérer Rousseau, de ce point de vue, comme un autobiographe des Lumières Il ne nous propose pas seulement une autobiographie qui ressemblerait à n'importe quel roman picaresque ou même à un roman d'éducation mais il nous propose de considérer la place de celui qui subit. [...]
[...] L'autobiographie dans l'Histoire (quelques dates) On peut commencer ce panorama historique par une question : quand devons- nous faire commencer l'histoire du genre autobiographique ? Les avis sont partagés Beaucoup ne veulent pas entendre le nom de Saint-Augustin, pour des raisons peu claires, à vrai dire. Pourtant, il nous semble difficile de gommer sa présence dans le titre de Rousseau. Il est vrai que ce dernier, en appelant son livre Les Confessions semblait rayer, peut- être, comme par-dessus les siècles, son brillant devancier. [...]
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