Plusieurs recherches linguistiques se sont intéressées à l'ordre des constituants majeurs de l'énoncé français en passant par les différentes phases dans l'évolution de la langue française.
Concernant l'ancien français (AF), il était souvent considéré comme langue de type V2 (où le verbe est en deuxième position). Cependant, les linguistes et les typologues trouvent des difficultés à le classer. De fait, Marchello-Nizia met l'accent sur le problème que pose l'AF, notamment du point de vue de la place de l'objet nominal relative au verbe conjugué dans l'énoncé déclaratif. Ainsi, elle constate qu'au 12e. siècle, les schémas OV(X), VO, SOV mais aussi OV sont encore possibles.
Par ailleurs l'antéposition de l'objet nominal ainsi que celle de l'attribut est rarement rencontrée au 13e. siècle. Son emploi est limité à quelques énoncés marqués. D'autre part, le sujet, qu'il soit nominal ou pronominal, peut se placer avant ou après le verbe, tendis que l'objet nominal est généralement postposé au verbe conjugué et que l'objet pronominal a une position déjà fixée (avant le verbe) – dans les déclaratives – qui n'est pas la même à l'impératif affirmatif.
En outre, contrairement au sujet, dont l'expression, jusqu'à la fin du 13e. siècle, n'est pas assez fréquente, l'objet nominal est quasiment toujours exprimé.
[...] Mais l'antéposition de l'objet ainsi que celle de l'attribut ont fortement diminué et constituaient au 13e.siècle des emplois marqués. L'élément apte à occuper majoritairement la première place n'est cependant ni l'objet ( dans la Queste del saint Graal), ni le verbe, mais plutôt le sujet et surtout les adverbes lors, or les conjonctions qui semble jouir de cette valeur adverbiale, car, etc.) et les compléments circonstanciels, d'où l'on a XV(S)O. ainsi, on plaçait généralement en position initiale soit un élément thématisé, soit un élément référenciel, qui est dans la plupart des cas un anaphorique : Au matin s'aparella por aller au tornoiement (la Mor le roi Artu ) Complément temporel Lors met la main a l'espee Adverbe-verbe-objet direct nominal ce il empoigne son épée' En sus, l'ordre VO est grammaticalisé au début du 13e.siècle des énoncés déclaratifs), alors l'ordre OVS, qui était très dominant auparavant en particulier dans les textes en vers du 12e.siècle, est devenu rare dans la prose du siècle suivant et considéré comme très emphatique (Icestui message ne ferai ge ja). [...]
[...] se plaçaient généralement devant le verbe. Le génétif, comme l'adjectif, précédait le substantif, car en vieux latin, le déterminant se trouve théoriquement devant le déterminé lorsqu'il est question de groupe nominal, alors qu'en latin classique, la tendance à la postposition du génétif surtout, devenait de plus en plus évidente, ce qui avait été le cas des emplois marqués en vieux latin : 1. Adjectif Substantif vs Substantif Adjectif [ [insigna] officia ] [ tribunus [militum] ] importants services' tribun militaire' 2. [...]
[...] Par ailleurs, afin de saisir l'organisation de l'énoncé déclaratif en AF à partir du 12e.s., il nous semble nécessaire de tenir compte de quelques constantes relatives dans la syntaxe ancienne. Tout d'abord, l'AF est souvent assimilé à une langue ce qui s'explique par la possibilité d'y rencontrer approximativement trois constructions déclaratives sur quatre à sujet nul (ou non instancié). En plus, quand celui-ci est exprimé, sa position ne dépend guère de sa classe grammaticale, puisque tout en étant nominal ou pronominal, il se situe éventuellement avant ou après le verbe conjugué. [...]
[...] Dans cette partie de la Rose, un nombre réduit de schémas syntaxiques de phrase semble admis dans la majorité des énoncés déclaratifs. En effet, une déclarative sur deux (ou 21 sur 39 ) est structurée suivant l'un de ces cinq schémas : Sn/SpVO (Ou point qu'amors prent le peage, 22) avec CVO (Si vi un songe, 26) avec Sn/SpVCO ( Qu' el avoit au cuer grant dolor ) avec également, CVCO (Si vi tout covert et pavé / Le fonz de l'yaue, 120-121) avec Dans ces schémas, l'objet direct nominal est postposé au verbe sauf pour le troisième où celui-ci est antéposé En principales/indépendantes : Paraît-il donc que le schéma le plus fréquent est CVO, soit 9 cas sur 39 où le verbe se place en seconde position, le sujet n'est pas exprimé ; ce schémas regroupe les traits essentiels des propositions principales ou idépendantes de la Rose cas sur 39). [...]
[...] D'après Thurneysen : En ancien français, le verbe conjugué se place immédiatement après le premier membre de phrase, quand celui-ci est accentué Cependant, B. Combettes (1985 ) et C. Buridant (cf. soutiennent qu'il ya eu transition d'une langue de type SXV ( le latin ) à une langue de type TXV ensuite à un schéma de type TVX du moment où il n'est plus toujours possible de se fonder sur la flexion nominale pour déterminer la fonction de T et de X. [...]
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