Cette citation, par laquelle nous voulions entamer ce travail, tant elle correspond exactement à ce que nous tenterons de démontrer, évoque une idée bien ancrée dans les esprits, celle d'une presse qui n'est jamais neutre d'un point de vue politique. C'est ainsi que beaucoup de quotidiens ou d'hebdomadaires appartiendraient à une mouvance tantôt de gauche, tantôt de droite, de façon très claire ou beaucoup moins marquée.
En Belgique, il n'existe pas, du moins dans les grands quotidiens actuels, de clivage net entre les journaux que l'on pourrait qualier comme clairement de gauche d'une part et ceux qui seraient résolument de droite d'autre part, et comme le dit Marc Lits dans un article consacré au déplacement médiatique du débat politique, la presse écrite d'opinion a presque complètement disparu du paysage belge francophone, pour les quotidiens comme pour les hebdomadaires. Ce constat est entre autres dû au fait que notre paysage politique lui-même n'est pas ou plus marqué clairement par cette dichotomie. En eet, les diérents gouvernements qui se succèdent à la tête du pays sont faits de coalitions, au sein desquelles la gauche et la droite se mêlent, formant une équipe hétérogène. On ne peut donc dire que notre gouvernement, en tout cas au niveau fédéral, soit clairement d'un bord ou de l'autre puisque plusieurs tendances y sont rassemblées.
[...] Cela permet de voir par exemple, que si Nicolas Sarkozy utilise à haute fréquence le mot social ou ses dérivés, c'est souvent dans un contexte qui parle de nance allocations exonérations . ce qui n'est pas le cas chez Ségolène Royal qui ratisse beaucoup plus large en inscrivant ce terme dans des domaines beaucoup plus variés[13, 91]. Concrètement, nous avons récupéré dans l'article sus-cité quatre occurrences qui nous semblaient intéressantes à analyser sur un axe gauche-droite, intéressantes parce qu'elles donnaient déjà des résultats dans le cadre de l'article. [...]
[...] Dans Fig Nous avons ensuite classé tous les termes, de manière très instinctive et naïve, selon plusieurs domaines de voir si certains de ces domaines étaient plus saillants dans l'un ou l'autre journal. Comme vous le voyez, le résultat est intéressant : 24 Table 4.4 Domaines saillants dans les sous-corpus Domaine Economie Le Figaro Politique Personnes et sociétés dollar bourse hausse séance investisseur indice valeur analyste action baisse million baril échange cac compagnie macroéconomique diamant boursier marché Libération banque argent aaires obligations taxation découvert banquier Pays et continents Société chinois chine asie elysée commission ministre mado bolloré aelou autolib juniac isr servier edf irlandais coopératif citoyen éthique collectif famille syndicat réclamer avocat appel plainte Justice Avant d'interpréter ces résultats quant aux domaines saillants dans l'un et l'autre corpus, il convient de faire une remarque préliminaire, qui tient d'une erreur dans l'étape de rassemblement des données. [...]
[...] A partir des termes qui constituent le corpus, nous tenterons, à l'aide de tests statistiques, de relever des tendances et d'observer si celles-ci conrment une approche de gauche ou de droite selon le journal traité. Nous nous baserons donc uniquement sur le vocabulaire, via une méthode de recherche appropriée : la lexicométrie. Le but sera de percevoir à travers les mots du discours, si une certaine image de la réalité est véhiculée, image qui serait diérente selon les deux journaux. Nous ne nous étendrons pas là-dessus dans cette introduction, puisqu'un chapitre de ce travail y est consacré. [...]
[...] Il serait d'ailleurs éclairant de comparer ce classement avec un corpus 3. Notons que nous ne parlons ici que de sémantique lexicale beaucoup plus large et représentatif du français pour voir si la distribution du corpus est dèle et proportionnelle à la distribution des termes en français mais on sortirait alors du cadre du présent travail Analyse des spécicités Il s'agit d'une analyse intéressante fournie par le logiciel Lexico3 et mise au jour par Pierre Lafon en 1980 Son but est de déceler un sur-emploi ou un sous-emploi de certaines formes dans un sous-corpus, en se basant sur le nombre d'occurrences total de celles-ci dans le corpus complet et d'ainsi déceler les termes spéciques au sous-corpus étudié. [...]
[...] Ce travail a pu rendre compte du pouvoir des mots. Le choix d'un terme ou d'un autre, dans un contexte ou un autre, n'est, on l'a vu, pas anodin. À travers les mots (pensons par exemple au choix du terme emploi plutôt que travail deux articles qui évoquent a priori le même sujet, sans aucune position idéologique détectable au cours d'une lecture linéaire, peuvent avoir 40 une connotation, bien plus profonde que ce qui transparait dans le texte, exposant une vision du monde diérente. [...]
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