Devenir acteur de son apprentissage : analyse du concept d'agentivité dans le processus d'apprentissage dans le cadre du FLE

Thèmes abordés

FLE Français Langue Étrangère, enseignement, didactique, Albert Bandura, agentivité, théories de l'apprentissage, méthode inductive

Résumé du document

Les innovations pédagogiques font aujourd'hui l'objet de recherches multiples, visant une meilleure efficience pédagogique et un rapport nouveau au savoir. Elles traduisent aussi, et surtout, la volonté de repenser les théories de l'apprentissage, en mettant en oeuvre de nouveaux dispositifs où l'apprenant constitue un acteur majeur, placé au centre des réflexions et des enjeux. Ces nouvelles dispositions, fruits de réflexions à la fois pratiques et théoriques, sont, ainsi, à l'origine de modalités nouvelles et foisonnantes, où les différents agents de la relation pédagogique, fondée sur une forte interdépendance, redéfinissent leur rôle, proposant, ainsi, un positionnement différent à l'égard des autres acteurs et de la relation pédagogique elle-même. Or, dans cette matière, comme dans toute autre, pour assurer, à la fois, la « bonne conduite » des actions innovantes proposées mais aussi leur pérennité et légitimité, il convient de réfléchir et de motiver ces actions, en les reliant à des objectifs théoriques prédéterminés. Ainsi, la notion d'agentivité constitue aujourd'hui, une des pierres de voûte de ces nouvelles théories innovantes. Il s'agit, ici, de donner un véritable pouvoir d'action aux apprenants, en leur permettant de se saisir, de façon autonome, de leurs apprentissages. Or, si cette approche constitue bien une vision novatrice du rapport à l'apprentissage, les procédés de sa mise en oeuvre demeurent parfois plus complexes, tant l'articulation entre théorie et pratique nécessite de coordination, de réflexion et d'engagement didactique.
Je suis enseignante en FLE depuis 10 ans. J'occupe, depuis peu, le poste de responsable de formation et l'entreprise où j'exerce propose depuis peu une formation baptisée « P+ » et pour laquelle il s'agit de développer la compétence d'agentivité des apprenants. Ce type de proposition m'est ainsi apparu comme un point de départ intéressant, pour réfléchir à la mise en oeuvre de l'agentivité chez les apprenants car, aux côtés d'une théorie novatrice et intéressante, l'enseignant peut, dans la mise en pratique, décider des moyens mais aussi encourager, organiser et maintenir l'agentivité des apprenants. Sujet complexe, le ou les modes d'articulations du champ théorique à la pratique, constitue souvent en matière pédagogique un épineux problème.
Notre travail vise, donc, à répondre à : "Comment favoriser l'agentivité dans le processus d'apprentissage du français langue étrangère chez les apprenants ? »
Nous analyserons, d'abord, le cadre théorique, les spécificités didactiques et expérientielles de l'enseignement en FLE, pour proposer une recherche empirique menée dans le cadre de la pratique d'enseignement, afin d'étudier les possibilités d'actions concrètes aptes à soutenir une agentivité active en cours, tout en discutant les limites de notre approche.

Extraits

[...] L'agentivité humain : un moteur essentiel pour l'élaboration d'un environnement personnel d'apprentissage. Annie Jézégou - https://www.cairn.info/revue-savoirs-2015-1-page-11.htm&wt.src=pdf. Karen Evans - https://www.erudit.org/fr/revues/approchesind/2016-v3-n2-approchesind02709/1037913ar/. [...]

[...] En effet, c'est en conversant et en se confrontant à différentes tâches de production, que l'agent apprenant se forme et, in fine, progresse. Cependant, cet empirisme naturel ne doit pas faire oublier que la communication interactionnelle possède, elle aussi par nature, certaines caractéristiques comme le caractère irrépressible de co-construction des échanges. L'approche active suppose, donc, à la fois la non-linéarité des échanges et le caractère imprévisible du matériau conversationnel au sujet duquel il s'agit de se préparer ou de s'aguerrir. [...]

[...] « J'enseigne à des personnes et elles apprennent les langues » avait l'habitude d'affirmer le romancier Gattegno. Pour ce faire, il convient de considérer deux aspects, par exemple, le rôle de la conscience du formateur-enseignant, chargé de provoquer ou déclencher des prises de conscience mais aussi celui de l'apprenant vis-à-vis du savoir et de la situation d'apprentissage. En effet, comprendre ce qui s'y joue constitue un incontournable de l'évolution de l'apprentissage. D'autre part, une étude préalable des composantes du Moi10 permet de mieux comprendre comment ces éléments intrinsèques aux individus interagissent sur leurs apprentissages. [...]

[...] « L'expérience active de maîtrise » (Bandura, 2003) : Au demeurant, l'apprentissage, quel qu'il soit, implique nécessairement un mouvement régulier de soi au savoir, et à la norme, sous-entendue sociale. Le positionnement de l'individu, de la valeur de ses apprentissages se mesure ainsi régulièrement par rapport à un savoir social ou culturel commun. Sur ce parcours, il apparaît ainsi, selon les termes du sociologue canadien Bandura, que « La nature humaine est en partie gouvernée par le choix que l'on fait des valeurs et des normes d'évaluation personnelle. [...]

[...] Dès lors, les enjeux portés par la pédagogie active apparaissent particulièrement appropriés au contexte d'apprentissage en FLE. Or, comme pour tout apprentissage conçu dans une relation triangulaire faisant intervenir un pédagogue, un élève et un savoir, se trouve imbriquée la notion d'un « contrat didactique » où la compréhension des enjeux apparaît mise en évidence, pour chacune des parties afin de permettre la mise en place d'éléments appropriés. Il s'agit, notamment pour l'enseignant ou le formateur en langues, de chercher à interpréter systématiquement les réponses apportées par les élèves, sous un biais didactique, de les reconnaître comme signe de l'évolution personnelle d'un apprentissage donné, et de mettre en place des outils adaptés à partir de cette analyse. [...]