Pour comprendre le problème, il faut d'abord observer de quelle manière et à quel rythme les mentalités ont évolué de façon chronologique vis-à-vis de la surdité. Après avoir donc fait état des nombreux a priori au sujet des langues des signes, peut-on pour autant affirmer que celles-ci ne sont pas de véritables langues, au même titre que les langues vocales ? Enfin, peut- on considérer la réclamation d'égalité entre les langues orales et la Langue des Signes Française (LSF) comme légitime ? Il s'agit là de se demander si la LSF peut exister seule ou si elle doit alors être complétée par la langue vocale
[...] Chaque kinème est une articulation spontanée de chérèmes appartenant à ces 5 catégories. Il y a cependant des règles linguistiques quant à la formation des signes telle la loi de symétrie des deux mains, la configuration anatomique de la main . Les langues des signes obéissent donc à toute une organisation interne précise et partagent avec toute autre langue le trait fondamental de la double-articulation. La communication gestuelle des sourds n'est pas agrammaticale Observées seulement en superficie, en voulant faire correspondre terme à terme les langues des signes avec les langues vocales, il était facile d'en déduire qu'elles étaient dépourvues de gram-maire. [...]
[...] En effet il meurt à la Révolution Française en décembre 1789. Une fois la Bastille tombée, les privilèges abolis le 4 août 1792, le pouvoir nouveau prend en charge le sort des sourds; leur affaire devient publique Pour la première fois dans l'Histoire, on a une nouvelle conception du citoyen basée sur l'égalité. Les handicapés ne sont plus considérés comme des cas particuliers mais comme une masse dont les attentes sont considérées collectivement et publiquement. Aveugles et sourds sont regroupes dans des instituts puisque leur instruction est devenue la préoccupation première de l'Etat. [...]
[...] la langue des signes est un repère de l'identité du sourd. C'est aussi sa réserve de sens: c'est par elle qu'il élabore des anticipations, des hypothèses . Il y a ici en plus une identité de la nature physique des signes émis et reçus (que sur le mode visuel), alors que quand le sourd a recours à la parole vocale, il doit «jongler» entre des sensations kinesthésiques (émission du message sur le mode vocal mais sans feedback auditif) et des sensations visuelles (réception du message par lecture labiale). [...]
[...] Il peut alors comprendre son handicap, simple base d'une difficulté matérielle dans les échanges vocaux, et non une altération de ses propres capacités à communiquer. Elle ne peut donc plus se sentir inférieure en échouant dans la communication avec l'autre, puisqu'elle possède une langue où se constituer sans obstacle en tant que sujet parlant. Elle se sait sourde et être de parole. C'est pourquoi aujourd'hui encore la communauté sourde revendique la LSF comme langue d'éducation des sourds dans le domaine du bilinguisme. [...]
[...] Telles sont les critiques des professionnels sourds. De plus, les entendants sont très peu préparés à la réalité du contact avec les sourds ce qui crée au départ de leurs interventions des écarts entre le peu de connaissances théoriques dans ce domaine et la réalité des centres bilingues. CONCLUSION Depuis l'Antiquité, la situation des sourds au sein de la société a beaucoup évoluée La honte éprouvée par les parents vis-à-vis de leur enfant sourd a disparue (mais il reste un sentiment de malaise dans une situation de communication souvent échouée); de plus, la négation totale du sourd, par l'interdiction d'une quelconque communication gestuelle, s'est, elle, largement estompée L'Abbé de L Epee a d'ailleurs largement favorisé la reconnaissance de la personne sourde comme sujet parlant à part entière grâce à sa langue gestuelle. [...]
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