Sciences humaines et arts, verbum mentalis, mentalais, théorie du langage, traduction de la pensée, argumentation de Fodor
Les Grecs définissaient l'homme comme « l'animal possédant le logos ». Ce que nous traduisons depuis le Moyen Age latin par animal rationalis, animal rationnel, qui ne signifie pas tout à fait la même chose. Logos vient du verbe legein, rassembler, cueillir, choisir, d'où compter, raconter et dire.
Chez Héraclite, il désigne autant l'expression de la pensée humaine, que le principe déterminant le devenir cosmique ; chez Parménide, c'est l'argumentation, par opposition à la sensation, il correspond donc à l'être et à la vérité. Le logos-raison est ainsi la même chose qu'il s'agisse de la parole ou de l'être.
[...] La théorie du langage-traduction a cependant constitué la base de la grammaire spéculative et plus tard de toute la grammaire générale. Elle avait un avantage considérable : on pouvait supposer la pensée universelle et, de là, imaginer déduire les caractéristiques que devait posséder tout langage pour pouvoir la représenter. Elle laissait cependant ouverte la difficile question de la nature de la pensée, qui fut longtemps considérée comme la représentation analogique des choses. Mais si le langage doit conserver quelque propriété de la nature de la pensée pour la représenter, on peut en retour considérer de nouveau celle-ci comme un langage. [...]
[...] Quand bien même ce serait notre seule représentation, il ne s'ensuit pas que la nature de notre représentation soit la même que celle de son objet : je calcule l'équation parabolique de la trajectoire d'un projectile, il ne s'ensuit pas que le jet d'un rocher par un volcan soit de nature computationnelle. Rien ne prouve que nous disposions de réels moyens de calcul avant que ceux-ci n'existent dans nos langues naturelles ; de fait, on n'en trouve pas même dans les langues des civilisations ne disposant pas de l'écriture. Une solution comme le mentalais a l'inconvénient rédibitoire de rendre incompréhensible la façon dont le langage émerge dans l'évolution corporelle des hominidés. [...]
[...] Il résume lui- même (1975) les points forts de son argumentation de la façon suivante : les modèles dont nous disposons pour représenter les processus cognitifs (ou comme on dit parfois : les opérations mentales) sont tous des systèmes de représentations assortis de moyens de calcul ; ii) ces systèmes ne peuvent pas être des langues naturelles ; iii) il doit donc y avoir un système primitif et inné. Chaque point de cette argumentation peut être contredit. Comme nous le verrons, le modèle computationnel n'est pas le seul possible. [...]
[...] Dans la philosophie classique (chez Leibniz ou Hobbes), on distingue nettement entre le fait qu'un mot soit la marque (nota) d'une pensée (elle peut l'être essentiellement pour l'individu qui la pense) ou le signe (signum) qui manifeste à l'extérieur cette pensée, manifestation qui est la véritable fonction du langage. On remarquera que l'autonymie, l'usage métalinguistique des termes, falsifie [ li tandis que les performatifs rendent [lii] pour le moins problématique. D'un côté, en effet, lorsque je dis que mot a trois lettres, il est clair que mot ne désigne pas l'idée de mot. [...]
[...] Logos vient du verbe legein, rassembler, cueillir, choisir, d'où compter, raconter et dire. Chez Héraclite, il désigne autant l'expression de la pensée humaine, que le principe déterminant le devenir cosmique ; chez Parménide, c'est l'argumentation, par opposition à la sensation, il correspond donc à l'être et à la vérité. Le logos-raison est ainsi la même chose qu'il s'agisse de la parole ou de l'être. Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que Platon, à differentes reprises, dans le Théétète (189e), le Sophiste (263e) et le Philèbe (38c) identifie le logos et la dianoia, la pensée. [...]
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