La question de l'origine des langues a été l'objet, comme on l'a vu, de spéculations mythiques, mais également de discussions rationnelles. Chez les Grecs, qui ne semblent pas avoir disposé de mythes préexistants aux discussions philosophiques, la question opposait les tenants d'une origine naturelle à ceux d'une origine conventionnelle.
[...] Pour le philosophe, l'intérêt de la question réside essentiellement dans la persistance d'une thèse paradoxale élaborée par les linguistes du XIXe siècle et reprise de façon dogmatique par les structuralistes européens : la question de l'origine des langues ne serait pas un problème scientifique. Cette thèse s'appuie sur le fait que, dans ses premiers statuts (1866, art. la Société linguistique de Paris interdisait de prendre en considération cette question (comme celle de la langue universelle). Par la suite, on considéra qu'il s'agissait d'un grand progrès scientifique (un peu comme le refus de considérer les mémoires sur la quadrature du cercle ou le mouvement perpétuel). Les Lumières auraient débattu de ces questions, que la linguistique scientifique aurait rejetées. [...]
[...] Si l'on recherche l'origine onomatopéique du mot, on doit trouver dans toutes les langues quelque racine qui signifie à peu près la même chose et commence par ou alors on permet n'importe quel changement de la consonne et on peut dire n'importe quoi. Le dernier cas est évidemment sans intérêt. Dans le premier, on viole la loi de Grimm qui postule que le f des langues germaniques (viel-angl. fiend\ got. fijant) vient d'un p ayant existé à une époque antérieure (sanskrit pîyant. [...]
[...] Lévi-Strauss les formule parfaitement : Quels qu'aient été le moment et les circonstances de son apparition dans l'échelle de la vie animale, le langage n'a pu naître que tout d'un coup. Les choses n'ont pas pu se mettre à signifier progressivement. A la suite d'une transformation dont l'étude ne relève pas des sciences sociales, mais de la biologie et de la psychologie, un passage s'est effectué, d'un stade où rien n'avait de sens à un autre où tout en possédait. L'anthropologue apporte toutefois un élément nouveau au débat contemporain sur l'origine des langues. [...]
[...] Quantitativement, il n'y a pas d'époque, exceptée peut- être la seconde moitié du XXe siècle, où la question de l'origine des langues ait été autant débattue que durant le XIXe siècle. En 1900, son secrétaire M. Bréal n'hésitera pas à écrire dans le Bulletin même de la Société de Linguistique : Depuis environ trente ans, on a cherché à jeter le discrédit sur les questions d'origine : on les a déclaré insolubles. Mais le jour où la linguistique laisserait rayer ces questions de son programme, elle me ferait l'effet d'une science découronnée. [...]
[...] La question de l'origine des langues La question de l'origine des langues a été l'objet, comme on l'a vu, de spéculations mythiques, mais également de discussions rationnelles. Chez les Grecs, qui ne semblent pas avoir disposé de mythes préexistants aux discussions philosophiques, la question opposait les tenants d'une origine naturelle à ceux d'une origine conventionnelle. Parain a proposé de résumer les débats et les différentes thèses de la façon suivante : le langage est phusei : a)les mots sont un produit direct des choses (Cratyle, Heraclite) ; b)les mots représentent la nature des choses qu'ils désignent à la manière des images peintes (Platon) ; le langage est nomo : a)chaque individu a le pouvoir de nommer arbitrairement chaque chose à sa guise (Hermogène) ; b)les noms ont été donnés aux choses par le législateur ou sur son conseil Aristote). [...]
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