français, réfugiés de guerre, langue française, formation linguistique, langue apprise sur le tas
Il va sans dire que le profil le plus répandu des réfugiés de guerre dans de nombreux pays francophones est celui de l'homme abandonné à lui-même qui assume malgré lui toutes les tâches les plus ingrates de notre société actuelle. On les rencontre principalement dans les artères de la ville où ils sont réduits à la mendicité ou dans des entreprises de main-d'œuvre massive où ils sont bien souvent présents et toujours mal rémunérés depuis de très longues années.
[...] Pour mieux comprendre le français parler de ces réfugiés de guerre, nous devons recourir tout naturellement aux notions d'interlangue (Selinker 1972), et de communication exolingue (Porquier 1976, 1984) . Ladite communication, plus ou moins développée et fossilisée, a des traits variables selon l'origine linguistique des locuteurs de différente nationalité, leur niveau de formation initiale à la pratique de la langue française entant que langue étrangère et, surtout la durée de son usage. Ainsi, une bonne formation linguistique n'est visée qu'en vue de rendre plus efficaces les procédures traditionnelles de communication ou en vue de rendre plus performantes de nouvelles procédures. [...]
[...] Cette demande pressante de formation vise uniquement à mieux communiquer, dans des tâches spécifiques, pour être plus autonome dans le travail que les cadres ou les natifs ont bien voulu confier aux réfugiés de guerre. La demande de formation préconise ainsi donc, non pas un enseignement général de langue française, mais particulièrement un enseignement fonctionnel lié à l'environnement du moment, aux situations et aux tâches de production. Nous nous trouvons, tous en dehors de notre territoire d'origine autant que ces réfugiés de guerre dans les formations socio-professionnelles, dans une problématique réelle de formation sur les savoirs linguistiques de base. [...]
[...] Ces réfugiés de guerre faiblement scolarisé ou pas du tout dans leurs pays d'origine ont pour la plupart du temps appris à parler le français sur le tas sans être passé par des cours de français langue étrangère. Une plus grande majorité de ces réfugiés de guerre ayant acquis le statut de migrants ne communiquent en français que dans le seul cadre socio-professionnel et plus particulièrement entre des groupes linguistiques très hétérogènes. Ce type de français qu'ils parlent dans nos rues, et le type de communication qu'ils pratiquent entre eux, dans les entreprises, les marchés, relève par fois de la trahison. [...]
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