Concrètement, là où habitent les Hommes, le détour est naturel. Le terrain, toujours accidenté ignore superbement la ligne droite : entre les distances « à vol d'oiseau » et la distance effective au sol, la différence est souvent grande.
C'est pour gagner du temps, pour faire des économies d'énergie, pour domestiquer la nature, pour aller plus vite que les Hommes ont, au cours des siècles, fabriqué des ponts, tracé des routes, privilégié la droite (les grandes routes, le chemin de fer, l'avion), un choix qui valorise la vitesse, et implique une autre perception de l'espace, du temps, de la vie.
L'Homme est naturellement le plus faible des animaux. Pour faire face à un environnement hostile, il lui a fallu ruser : de tous les moyens indirects qu'il a trouvés pour se protéger, pour survivre, la technique est, de loin, l'expédient le plus performant. Grâce à la technique, l'Homme a pu compenser ses handicaps naturels, inventer des outils, des machines qui ont fait de lui « le maître de la terre ».
Des outils de pierre taillée à l'ordinateur, l'évolution technologique repose sur d'infinis détours et de savantes médiations. Tout objet artificiel demande de la réflexion, un savoir-faire et l'utilisation d'autres objets. La technique est un immense détour.
[...] La mondialisation, qui fait voyager les choses et les personnes, s'appuie sur le détour. Les médias, qui fournissent des informations venues du monde entier, colonisent les esprits qui voient la planète par le détour de la télévision, des journaux, des images. Tant dans nos achats que dans nos pensées, nous sommes tributaires des intermédiaires, des médiations qui parasitent toute relation directe. Le détour attise-t-il le désir ? Mon désir n'est pas vraiment le mien : je désire ce qui est désiré par autrui, je désire ce qui est enviable. [...]
[...] Comme tous les moyens sont bons pour gagner, la guerre, par essence, fait un grand usage du détour. Dans l'Histoire, les grands stratèges sont ceux qui gagnent des batailles non parce qu'ils disposent toujours de la grande force, mais parce que, sur le terrain, leur appréciation de la situation est meilleure, parce qu'ils prévoient, déjouent les plans et surprennent l'adversaire. Le succès des armes associe force et feinte. La ruse, de toutes les guerres, ne désarme guère en temps de paix. Elle continue de régner partout, et dans toutes les classes, dans tous les milieux. [...]
[...] Le détour la polysémie du mot expliquée en dix questions Le détour est-il naturel ? Concrètement, là où habitent les Hommes, le détour est naturel. Le terrain, toujours accidenté ignore superbement la ligne droite : entre les distances à vol d'oiseau et la distance effective au sol, la différence est souvent grande. C'est pour gagner du temps, pour faire des économies d'énergie, pour domestiquer la nature, pour aller plus vite que les Hommes ont, au cours des siècles, fabriqué des ponts, tracé des routes, privilégié la droite (les grandes routes, le chemin de fer, l'avion), un choix qui valorise la vitesse, et implique une autre perception de l'espace, du temps, de la vie. [...]
[...] Ne pas vouloir jouer le jeu, c'est s'exclure. Raison pour laquelle la pratique du masque, du mensonge, du détour, est absolument générale dans la vie en société. Nos tenues, notre visage, nos gestes, nos mots, etc entrent dans la composition de rôles que nous devons tenir si nous voulons être acceptés, tolérés. A travers le langage, pratique-t-on le détour ? L'Homme est un animal social et un animal qui apprend à parler, à maîtriser les codes du langage. En société, rares sont les conversations entre égaux, dans des situations informelles où l'on discute pour le plaisir de discuter. [...]
[...] La pratique du détour permet-t-elle de progresser ? Tout compte fait, le détour est partout : dans le domaine des sciences qui progressent par le biais de nouvelles théories ; dans l'éducation où la socialisation de l'enfant passe par la canalisation, la déviation de désirs qui doivent être sublimés pour être acceptables ; dans la société des loisirs où les divertissements sont rois ; dans le mondes des lettres, des arts, de la culture, où l'expression emprunte des voies le plus souvent obliques. [...]
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