Les enseignants portent en général un jugement négatif sur l'expression orale de leurs élèves, en particulier quand ces derniers viennent des couches populaires. Dans ce chapitre, l'auteur va montrer quelles sont les exigences scolaires en matière d'expression orale ainsi que la manière par laquelle répondent les élèves (toutes catégories sociales confondues.
La question de l'oral n'est pas une question récente. Dés le XIXe siècle, les pédagogues perçoivent sont intérêt notamment comme préparation à la composition écrite. L'objectif de la pratique orale reste donc tendu vers la pratique de l'écrit.
La commission Rouchette , de 1963 à 1966, va élaborer un « Projet d'Instructions » qui sera expérimenté dans les écoles pendant trois et l'intérêt est de souligner l'importance à donner à la « communication orale ». Ce projet ministériel aboutira sur un plan de rénovation. Cependant, comme le notent Chobaux et Sergé dans L'enseignement du français à l'école élémentaire (Paris, PUF, 1981, p 98), l'oral n'est qu'un point de départ, le point d'arrivée reste « la langue écrite ». Ainsi, dans les IO de 1972 (largement inspirées du projet Rouchette), l'instituteur doit « apprécier les ressources et les déficiences du langage dont disposent les élèves », il s'agit en fait d'éviter « que l'entretien s'échauffe ou s'enlise dans un bavardage inorganisé. ». Ainsi, comme le remarque Lahire, les paroles des élèves sont comparées à des structures dont il faut absolument s'assurer qu'elles soient grammaticalement correctes.
[...] Cette domination pénètre les pratiques d'éducation dans la famille et explique la proximité culturelle. Les limites d'une saisie négative des pratiques langagières orales des élèves d'origine populaire Ici, l'auteur nous explique que les différentes études menées sur la question des pratiques langagières adoptent en général le même regard que celui des enseignants. Il reprend notamment les couples d'opposition par lesquels Bernstein rend compte des différences de pratiques en fonction du milieu social et met en évidence un certain partie pris. [...]
[...] Pour expliquer ce phénomène, il emprunte à Labov le concept de récits d'expériences personnelles Ainsi, comme le précise Labov : les locuteurs se consacrent tout entier à reconstruire voire à revivre des événements de leur passé. Or, dans le cadre scolaire, il faut se détacher de cette expérience premièrement vécue pour la transposer dans un langage précis. Rapport aux événements racontés, rapport à l'auditoire et à la situation immédiate d'énonciation et rapport au langage L'école exige que l'élève rende explicite par le langage la partie implicite des situations qu'il vit. [...]
[...] "Les pratiques langagières orales", de B. Lahire Introduction Les enseignants portent en général un jugement négatif sur l'expression orale de leurs élèves, en particulier quand ces derniers viennent des couches populaires. Dans ce chapitre, l'auteur va montrer quelles sont les exigences scolaires en matière d'expression orale ainsi que la manière par laquelle répondent les élèves (toutes catégories sociales confondues). L'oral scolaire Place et importance de l'oral à l'école L'oral dans les documents officiels La question de l'oral n'est pas une question récente. [...]
[...] L'interaction ne vaut pas pour elle-même, le langage oral n'a pas pour vocation la communication mais l'élaboration de structures grammaticales correctes. Ainsi, dans le cadre d'un exercice, les enseignants peuvent feindre de ne pas comprendre une réponse pour amener l'élève à construire une phrase complète. Lahire donne l'exemple qu'il a recueilli lors d'un entretien : l'enseignant demande à un élève où il a mis son cahier, l'élève répond là L'élève utilise le langage dans un cadre contextuel, il répond à une question, il cherche donc à informer son interlocuteur ; pour l'enseignant cette réponse n'est pas valable car il ne s'agit pas d'une phrase grammaticalement structurée. [...]
[...] Voilà pourquoi elles apparaissent si pauvres aux yeux de ce courant de pensée. Maîtrise pragmatique et maîtrise métalinguistique du vocabulaire Une pauvreté de vocabulaire relative Pour les enseignants, la pauvreté du vocabulaire est associée à l'impossibilité ou à la difficulté d'expliquer oralement le sens d'un mot. Or, cette impossibilité n'est pas liée à la méconnaissance mot, mais comme le montre Lahire, à la décontextualisation de ce dernier. Ainsi, dans les extraits d'observation qu'il propose, les élèves ne parviennent pas à se détacher de la situation dans laquelle le mot a été énoncé. [...]
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