M. Kail & M. Fayol, "L’acquisition du langage, volume 1 : Le langage en émergence, de la naissance à trois ans"

Résumé du document

Beaucoup d'auteurs se sont intéressés aux capacités perceptives précoces de l'enfant et se sont aperçus qu'elles permettraient l'acquisition du langage dès le début de la vie. Dans ce texte, on remarque que le tout jeune enfant est doté de mécanismes perceptifs initiaux qui lui permettent d'acquérir les unités fonctionnelles de la langue.

La perception catégorielle est très importante pour étudier et montrer les capacités qu'ont les nourrissons à percevoir les sons de la parole. Des études ont été réalisées par Eimas, Siqueland, Jusczy et Vigorito en 1971 afin de montrer que les enfants âgés de 1 à 4 mois étaient capables de discriminer des changements de catégories phonémiques tels que le « pa » et le « ba ». Ils utilisent donc les mécanismes qu'ils ont dès la naissance pour traiter la parole. La discrimination des phonèmes fait aussi partie des capacités perceptives initiales du bébé (0 à 4-6 mois). Les bébés savent distinguer le voisement ainsi que la place de l'articulation et le mode d'articulation dès la naissance.

Extraits

[...] Cette organisation évolue et ceci grâce à l'influence de la langue maternelle. Il est intéressant de savoir comment le nourrisson passe de la discrimination à la représentation des sons de parole. La capacité de discrimination des sons devient limitée lorsque la situation demande plus qu'une discrimination toute simple. Ainsi, nous savons que le nourrisson différencie un changement phonétique mais si on laisse un délai entre les deux mots, il n'est plus capable de faire cette discrimination. Une nette différence est remarquée entre la situation où l'enfant doit faire une discrimination immédiate et lorsqu'il est confronté à devoir faire une représentation causée par le délai. [...]

[...] Selon Vihman et Miller, lorsque les enfants produisent des mots, ils utilisent des procédés simples, des procédés de substitution et d'admissions systématiques, il omet les consonnes initiales ou bien même la duplication de la syllabe. Lorsque l'enfant a deux ans, la forme des mots devient assez générale. Le schéma harmonique est le schéma de régularisation systématique de la forme des mots : l'enfant assimile par segments ce qui fait qu'il harmonise les consonnes de la première et la deuxième syllabe, par exemple : le mot chapeau devient popo On trouve le schéma mélodique. [...]

[...] La représentation des mots est implicite et peu détaillée étant donné que les enfants ont un lexique restreint formé que de mots aux formes voisines. Les enfants, à cette période, repèrent les mots dans la parole continue. C'est à 7 mois et demi que le bébé peut repérer les mots familiers. Concernant les productions précoces, c'est dès la première semaine que le nouveau-né produit des sons. Mais, c'est seulement à l'âge de 5 mois que cette production de sons est importante pour l'acquisition du langage car il commence à maîtriser la phonation et les contrôles articulatoires. [...]

[...] Tous les auteurs s'entendent sur les principales étapes de production de son pendant la première année du bébé. En effet, aux 1ers et 2ème mois, la phonation est ininterrompue, l'enfant produit des sons végétatifs. A 3 mois, il commence à produire des sons glottaux et des rires. A 4 mois, les jeux vocaux sont variés et vélaires. C'est à 5 mois que le nourrisson maîtrise la phonation et produit des sons vocaliques. A 7 mois commence le babillage avec des formes canoniques. A 10 mois, il devient varié. A 12 mois, il produit les premiers mots. [...]

[...] Contrairement à l'unité de représentation, qui est plus complexe étant donné que les stimuli sont plus compliqués et nécessitent que la mémoire traite ces informations. De plus, les nouveaux nés réagissent à une nouvelle syllabe lorsqu'on les a familiarisés avec toute une série de syllabes auparavant. Ils discriminent la nouvelle syllabe seulement si elle comporte une voyelle nouvelle. La syllabe serait un élément non décomposable pour l'enfant. L'unité de base serait la syllabe. Ainsi, le bébé peut s'en servir pour accéder à la représentation du mot. [...]