L'enquête a pour but de déterminer les différences qui caractérisent hommes et femmes dans leur rapport au monde et aux autres et, par-là, dans leurs relations. Les chercheuses se sont donc demandé si le discours diffère selon le genre sexuel, s'il exprime ces différences de subjectivité et de définition de soi dans le monde, et comment ces différences se manifestent au niveau du langage. L'une des hypothèses formulées est que les relations interpersonnelles sont plus importantes dans la constitution de la subjectivité féminine que masculine. Qu'en est-il réellement ?
[...] Les réponses sont classées selon un critère relatif à l'acte de référence : référence à soi, à l'autre/aux autres, référence au monde et selon le rapport entre le sujet et d'autres personnes. Eva Brinckmann To Broxten dégage ainsi des réponses trois différences principales entre les conceptions masculines et féminines. Tout d'abord, les femmes sont plus enclines à parler d'elles-mêmes, surtout les jeunes femmes ; de plus, leurs réponses font souvent référence à des personnes concrètes de leur entourage et témoignent de leur capacité d'empathie. [...]
[...] Et si c'est le cas, quels facteurs ont pu faire évoluer leurs idées sur le rôle de la femme dans la société ? Il en va de même pour les jeunes filles : sont-elles restées expansives et altruistes, ou bien ont-elles développé un certain égocentrisme Forgez-vous l'ego d'un homme prescrivait récemment un magazine féminin) ? On parle beaucoup aujourd'hui androgynie morale il semble qu'un glissement s'opère dans la société : les femmes revendiquant la place occupée jusqu'ici par les hommes, et ceux-ci acceptant désormais des fonctions réservées naguère aux femmes. [...]
[...] Elle aurait alors été obligée de tenir compte des autres, ayant pour rôle de répondre à leurs exigences, et leur regard sur elle étant le seul qui comptait. Si la femme n'avait pas subi longtemps le joug d'une société patriarcale, aurait-elle développé les mêmes schémas et les mêmes conceptions ? Il est possible que non. Il serait donc peut-être intéressant d'établir une comparaison entre cette étude de notre société occidentale et une étude des conceptions féminines dans une société matriarcale. [...]
[...] On peut toutefois émettre quelques réserves à leur encontre, et s'interroger sur l'évolution des conceptions féminines ou masculines. Ces recherches se situent dans la continuité des nombreux travaux menés, surtout depuis 1968, sur les différences entre hommes et femmes : Erving Goffmann, dans les années 70, étudiait déjà les positions différentes de l'homme et de la femme, à travers l'analyse de publicités, dans La ritualisation de la féminité . Ces analyses révélaient déjà combien le sexe était déterminant pour l'assignation de la place dans la société : la femme se devait d'être toujours souriante, mère de préférence, et en arrière de l'homme. [...]
[...] On peut en effet se demander si, malgré une répartition des rôles légèrement plus homogène, cette volonté de communication qu'a la femme n'est pas restée lettre morte : le débat sur la différence homme/femme est toujours d'actualité, et les analyses psycho-sociologiques qui paraissent régulièrement sont là pour le prouver. C'est ainsi que le livre de John Gray sur ces différences, Les hommes viennent de Mars, les femmes viennent de Vénus (éd. Michel Laffon, 1999), a été un best-seller. Reste à savoir qui, des hommes ou des femmes, l'a acheté en majorité. [...]
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