La dénomination des couleurs est un exemple caractéristique des différents découpages linguistiques d'une même "réalité." Dans cet ouvrage, Caprile s'intéresse à la dénomination des couleurs chez les Mbay de Moïssala, une ethnie du sud du Tchad, et tente de mettre en pratique une méthode d'analyse sémantique, qui permettrait d'allier à la fois le travail des linguistes et des ethnologues.
[...] Par conséquent, nous pouvons déjà mettre en évidence, que chez les Mbay, la notion de couleur est beaucoup moins abstraite qu'elle peut l'être dans d'autre culture, puisque la couleur est indissociable d'un objet concret. Caprile nous fournit alors des éléments, qui permettent de comprendre, pourquoi les Mbay utilisent un nombre relativement restreint de formes linguistiques pour décrire la couleur. l'utilisation des colorants naturels : Les Mbay obtiennent des colorants à partir de végétaux et de minéraux, et préparent ainsi un jaune, un rouge, un noir et un blanc. [...]
[...] En contact avec d'autres peuples, certains Mbay ont appris à produire du bleu et du vert. Le rouge est obtenu à partir du kaolin, roche sédimentaire que l'on trouve dans la région, et s'utilise principalement pour la décoration des poteries. Le blanc et le noir sont produits à partir de cendre et de charbons de bois, et sont utilisés pour la décoration des poteries, ainsi que pour la décoration de masque. Le blanc peut aussi être obtenu à partir d'une plante. [...]
[...] démarche : Pour réaliser son étude, Caprile commence par demander à ses informateurs, de lui indiquer des objets correspondants aux quatre couleurs désignées par les verbaux intransitifs. Mais cette première étape s'avère être un échec, car la connaissance du français par certains locuteurs Mbay, crée des interférences. Caprile décide alors d'exclure, tout du moins dans un premier temps, les informateurs Mbay ayant une connaissance du français. Dans un second essai, Caprile présente à ses informateurs, des nuanciers de peintures. Mais cette présentation de la couleur, sur des échantillons de papier glacé rectangulaire, déroute ici les informateurs par le fait qu'ils ne puissent les manipuler. [...]
[...] Mais là encore, cette présentation des échantillons de laine dans un ordre préétabli s'avère être un échec, car classés selon des nuances de couleurs. Caprile décide alors de présenter ces échantillons de laine en vrac sans ordre précis. Il demande ensuite à ses informateurs, de faire des tas d'échantillons de laine regroupés par couleurs, et de mettre les cas douteux à part. Enfin, Caprile demande à ses informateurs de préciser les différences qui existent à l'intérieur de chaque couleur. résultats : Dans un premier temps, Caprile examine les moyens d'expressions formels, l'aspect signifiant, c'est-à-dire qu'il s'intéresse au plan dénotatif. [...]
[...] manifestation de l'acculturation a travers le bilinguisme mbay- français : Au début de son enquête, Caprile a exclu les locuteurs bilingues mbay- français, car la connaissance du français produisait des interférences. Mais dans un second temps, Caprile cherche à savoir, dans quelle mesure les bilingues mbay-français maîtrisent le système des dénominations des couleurs du français. Caprile se rend alors compte, que les élèves de la fin du primaire ou du début du secondaire ne distinguent en mbay, que cinq ou six couleurs, et en français, entre trois et six couleurs. [...]
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