« Los Olvidados », film de 1950 du grand réalisateur espagnol Luis Buñuel, décrit la réalité mexicaine de l´époque dans les quartiers marginaux de la banlieue de Mexico que l´auteur avait parcourus pendant plusieurs mois avant de commencer le tournage. L´auteur s´est beaucoup documenté pour écrire ce film, d'abord sur les affaires judiciaires de l´époque qui impliquaient des mineurs et de jeunes délinquants, puis sur les archives du Tribunal pour enfants. Ce film étonne par son symbolisme, la scène finale étant un des meilleurs exemples qu´il soit, lorsque le cadavre de Pedro est jeté dans une décharge
[...] Dans son film « Los olvidados », Luis Buñuel représente la misère dans son état le plus atroce et extrême. Proche du naturalisme à la Zola, le spectateur se demande jusqu'où peut aller cette pauvreté. Buñuel s'éloigne ainsi des stéréotypes représentés dans les films mexicains de l'époque. En effet, les films mexicains de l'Age d'or, comme est appelée cette période durant laquelle nous notons une florescence d'œuvres cinématographiques, avaient coutume de représenter des personnages populaires sympathiques et drôles, jamais agressifs ni violents. [...]
[...] En effet, Buñuel reconnaît avoir suivi l'auteur Aragon et le peintre Man Ray, d'où la présence de symboles tout au long du film comme la poule par exemple qui représente le monde paysan et ses diverses problématiques. Le chien est un autre animal très présent dans les œuvres de Buñuel. Il apparait dans le film lors de la mort de El Jaibo, personnage capital, et comme dans le film « Le chien andalou » il symbolise la mort. En plus des images violentes, Buñuel expérimente l'onirisme comme quand la mère de Pedro lévite avec un bout de viande entre les mains. [...]
[...] Leur unique échappatoire est la mort. Lors de sa sortie, le film a été très critiqué par la société mexicaine qui reprochait à Buñuel de ne représenter que les aspects négatifs de Mexico. Cette dernière voulait offrir à tout prix au monde l'image d'un pays moderne et civilisé. Le mécontentement fut tel que la coiffeuse de l'équipe du film démissionna, outrée, déclarant qu'aucune mère mexicaine ne traiterait son fils comme la mère de Pedro. De plus, le film n'est resté à l'écran que quelques jours avant d'être retiré. [...]
[...] Avec « Los Olvidados », Luis Buñuel bouscule les codes. Ce récit cruel et pessimiste remet en question la société de l'époque. Dans cette dernière, le pauvre reste pauvre et il lui est impossible de sortir de la misère. Les personnages ressemblent davantage aux personnages de la tragédie grecque, emprisonnés à leur propre destin. La pauvreté est directement en relation avec la criminalité, la violence et la corruption. Cette même pauvreté est un fléau destructeur, destructeur des valeurs chrétiennes importantes au Mexique dans les années 1950 comme l'éducation, l'amitié, la famille . [...]
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