Si la rhétorique a perdu son nom, elle n'est pas morte pour autant. Non seulement elle survit dans l'enseignement littéraire, les discours judiciaires et politiques, mais surtout, elle va se renouveler avec la communication de masse, propre au XXe siècle. Enfin, à partir des années 1960, apparaît une nouvelle rhétorique, qui connaîtra vite un immense succès: le mot ne fait plus peur.
Et pourtant, la rhétorique actuelle est assez différente de celle qu'elle remplace. D'abord, son but n'est pas de produire des discours, mais de les interpréter. Elle se rapproche donc plutôt de la grammaire des Anciens. Est-ce à dire qu'on n'apprend plus à faire de discours ? Si, mais cet enseignement, qui s'identifie au fond à la formation littéraire et philosophique, n'est plus perçu comme rhétorique – ou pas encore.
[...] Il s'inspire, en tout cas de nos jours, de la psychanalyse. Dieter Flater , dans son étude sur la stratégie de la publicité, insiste sur le côté infantilisant de cette rhétorique, qui s'adresse au besoin d'être à la fois rassuré et aimé. Tous ces messages, en éliminant le temps et les relations causales, en créant une fusion narcissique entre l'objet et le moi, jouent sur le besoin de régression affective. On pourrait rétorquer à Flater que son explication est partiale; car il y a d'autres motivations que le retour à l'enfance. [...]
[...] Rhétorique de l'image "Nous vivons au siècle de l'image" entend-on souvent. Cliché bien contestable, car les autres siècles ont communiqué bien plus par l'image que par le texte écrit. De plus, il est rare que nos images à nous puissent se passer du texte écrit pour être lisibles. Ainsi, on peut très bien faire l'interprétation rhétorique de statues romaines, d'icônes, de portails romans, etc., toutes images se rattachant au genre épidictique, à la gloire d'un souverain ou de Dieu. Mais il est normal que cette rhétorique s'intéresse surtout aux productions actuelles, et particulièrement aux images publicitaires, par essence persuasives. [...]
[...] Mais il ne s'agit pas d'un mensonge, pas plus que chez Panzani . Mais d'une suggestion, qu'on trouverait sans doute dans toute image publicitaire. En tout cas, ces deux affiches, d'ailleurs très belles montrent bien 2 choses: La rhétorique de l'image développe l'oratoire au détriment de l'argumentatif. L'image n'est pas efficace, ni même lisible, sans un minimum de texte. L'image est rhétorique au service du discours, non à sa place. Rhétorique de la propagande et de la publicité On peut considérer la propagande et la publicité comme des inventions du XX°. [...]
[...] Et la communication de masse est toujours indirecte. Elle utilise tel canal, de l'affiche du film, complexe et coûteux, ce qui entraine des conséquences pour le contenu même du discours. D'abord, il est en général bref, car limité dans le temps ou dans l'espace, ce qui ne lui permet pas une argumentation subtile, mais l'autorise en revanche à jouer sur les ambiguïtés. Ensuite, si le discours est moins clair, moins précis, il est complété par le contenu non linguistique du message, la musique, l'image, lesquelles jouent au fond le rôle de l'action, la partie non verbale de l'ancienne rhétorique. [...]
[...] Car, à l'époque, le côté rhétorique d'un discours était considéré comme l'indice d'une manipulation idéologique. "La rhétorique apparaît ainsi comme la face signifiante de l'idéologie" (Barthes) Cette rhétorique du soupçon, préconisée par Barthes et tant d'autres, nous paraît singulièrement réductrice, tant pour les textes qu'elle interprète que pour l'idée même de la rhétorique. La théorie de Perelman permet une lecture rhétorique des textes fondée non sur le soupçon mais sur le dialogue. Bibliographie - Aristote, Rhétorique. - Perelman, Traité de l'argumentation, la nouvelle rhétorique - Dieter Flater, Stratégies en publicité. [...]
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