Philosophie, linguistique, pensée philosophique, perception par la langue, Flora Lewis, instrument de communication, conscience, communautés humaines, circulation des idées, Platon, Socrate, Descartes, universalité
"Étudier une autre langue consiste non seulement à apprendre d'autres mots pour désigner les mêmes choses, mais aussi à apprendre une autre façon de penser à ces choses", écrivait la journaliste américaine Flora Lewis. Par-là, on doit comprendre que les langues influent sur la perception que l'on a du monde. Une langue porte une vision du monde de sorte que chaque langue induise une façon de penser. Pourtant Flora Lewis insiste d'abord sur le fait qu'il y a des correspondances dans les langues de sorte qu'une pensée puisse penser la même chose dans deux langues différentes. Il semble y avoir là si ce n'est une contradiction, du moins une complexité induite par la multiplicité des langues. De ce fait, y a-t-il des langues et une pensée ?
[...] Une autre langue fait intervenir un autre mode de pensée. Or chaque vision du monde contient en elle une certaine intelligence du monde, une certaine compréhension du monde. Selon Dilthey, toute la tâche des sciences de l'esprit est de nous montrer la finitude de l'Homme en ce qu'elle est éparpillée selon les différentes visions que les Hommes ont d'eux-mêmes. Il explique dans Le Monde de l'esprit Introduction à l'étude des sciences humaines qu'en dépit des différences qui s'expliquent par le contexte culturel, historique et linguistique, on y retrouve façon similaire d'appréhender le monde. [...]
[...] Malgré la grande diversité des langues, il y a toujours une pensée et en cela un Homme. Soutenir que le langage est le propre de l'Homme c'est faire valoir que, parmi tous les systèmes de communication, celui des êtres humains comporte des caractères indissociables des autres caractéristiques humaines. C'est ce qu'affirme Descartes dans le Discours de la méthode lorsqu'il montre que le langage témoigne d'une faculté de penser et de raisonner propre à l'Homme ; les animaux ne pensent pas. [...]
[...] Alors nous l'avons vu, on ne peut pas penser la même chose dans des langues différentes. Il semble difficile d'affirmer qu'il y ait des langues, mais une pensée. Qu'il s'agisse de Whorf ou de Martinet, il est question à chaque fois de montrer que l'organisation des données de l'expérience n'est pas universelle, mais particulière. Et cela est déterminant puisque la langue détermine ici la pensée : on ne pense pas en dehors de la langue généralement maternelle. Peut-on néanmoins en conclure que les langues produisent des pensées imperméables entre elles ? [...]
[...] En somme, des valeurs, des idées et des normes universelles. De ce fait il n'est pas étonnant qu'une partie de l'anthropologie et de l'ethnologie se soit consacrée à l'étude des points communs entre les sociétés dites civilisées et les sociétés dites sauvages C'est en cherchant les invariants culturels que l'on peut véritablement comprendre les sociétés humaines et par-là l'Homme. Toute l'anthropologie structuraliste s'est attachée à chercher ces invariants culturels qui se résorbent dans le sentiment religieux et la prohibition de l'inceste. [...]
[...] Il faut en saisir une cohérence propre, des fins et des objectifs propres. Dilthey montre que par-delà le temps et les cultures, il existe des liens qui permettent la compréhension. Rien n'empêche de penser que cela soit possible en ce qui concerne d'autres langues et d'autres façons de penser. C'est même au fond la condition d'une humanité. La compréhension de l'autre par l'étude de sa constitution culturelle, historique et linguistique semble le permettre. Quelque chose doit unir les hommes au-delà des différentes interprétations du monde induites par la langue. [...]
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