Nous avons choisi de nous intéresser au phénomène des liaisons en tant que fait linguistique.
Avant toute étude, il est important de bien définir le terme étudié. Ainsi, nous insisterons sur la différence entre la notion d'enchaînement et de liaison.
L'enchaînement est une prononciation systématique d'une consonne finale de mot au début du mot suivant (que ce mot commence par une consonne ou une voyelle). Par exemple, [ʃɛʁami] « cher ami », [ʃɛʁmɛtʁ] « cher maître » : le [ʁ] se prononce toujours.
La liaison est une prononciation au début du mot suivant d'une consonne qui était d'ordinaire muette dans un mot isolé. Pour cela le mot suivant doit commencer par une voyelle. Par exemple, on dit [pəti] « petit » mais [pətitãfã] « petit enfant » et [pətigaʁsɔ̃] « petit garçon ».
Selon Fernand Carton, « la liaison affecte des consonnes qu'on ne prononce pas si le mot est isolé : un petit enfant ». Elle peut avoir une fonction morphologique, un rôle lexical ou une valeur stylistique. Ainsi les liaisons lèvent l'ambiguïté du genre ou du nombre d'un mot. Selon Fernand Carton, la grammaire est prescriptive et impose (si nécessaire et si judicieux) une liaison entre deux mots. Le choix des liaisons est rarement arbitraire.
Plusieurs facteurs peuvent être cités comme déterminants des liaisons :
Les facteurs stylistiques : la liaison dépend alors du niveau de langue. Plus le niveau est élevé, plus il y a de liaisons. Il existe quatre niveaux de langue : les conversations familières, dans lesquelles on ne fait que les liaisons obligatoires ; les conversations soignées, dans lesquelles on fait un peu plus de liaisons ; les lectures et conférences ; et enfin la poésie, dans laquelle on produit quasiment toutes les liaisons.
Les facteurs syntaxiques : la présence des liaisons dépend du degré d'union syntaxique entre les mots.
- les liaisons obligatoires, entre un déterminant et un nom [sezãfã] « ces enfants », entre un adjectif et un nom [pətitãfã] « petit enfant », entre un pronom personnel et un verbe [nuzalɔ̃] « nous allons », entre un verbe et un pronom [alɔ̃zi] « allons-y », entre une expression figée (lexicalisation) [mwajɛnaʒ] « Moyen-Âge », et entre une préposition et un complément [ʃezø] « chez eux ».
- les liaisons facultatives, entre un adverbe et un adjectif [tʁopemabl] « trop aimable », entre un auxiliaire et un participe passé [ilsɔ̃tale] « ils sont allés », entre un auxiliaire et un infinitif [ilvɔ̃taʁive] « ils vont arriver », entre un nom pluriel et un adjectif [dezãfãzadoʁabl] « des enfants adorables », et entre un verbe et en complément [ʒetɛzãvakãs] « j'étais en vacances ».
- les liaisons interdites, entre un nom singulier et un adjectif [ãfãadoʁabl] « enfant adorable » et entre un nom singulier et un verbe [kamjɔ̃aʁiv] « camion arrive ».
[...] LOC3 : oh lala, je le sens bien le truc compliqué, déjà que les questions sont dures à dire maintenant faut que je parle dessus ENQ1 : «mais non, si pour toi la prononciation que tu as faite te va et bien on arrête là sans problème, tu as peut être tout bon.» LOC3 : Vu mon niveau de français, je pense qu'il y a plus de truc faux que de trucs bons, c'est moi qui te le dit mais moi je parle comme ça depuis tout petit et personne ne m'a jamais dit qui fallait pas dire ça, si ma prof à l'école, tout le temps elle disait ne faut pas dire [lezarico] mais [learico], c'est la règle!». Moi je n´ai jamais compris pourquoi on peut dire [lezavjó] et pas [learico] alors je ne savais jamais lequel il fallait dire. Par exemple la dernière phrase, je la trouve super compliquée parce qu'il y a trop de liaisons à faire ou ne pas faire, je me sens trop testé et je m'emmêle les pinceaux. Je sais plus si je dois faire les liaisons.» Corpus du locuteur 4 : 1. [lavildәpaЯiaplătedezєtЯlәlõdәlasєn] 2. [ilєpЯuvesisjătifikәmăkәlefamõyndyЯedәviplysẽpoЯtătkәlєzɔm] [sәplaєpЯẽsipalmăkyizineavєkdeaЯiko] [nusɔmdœzєtЯẽsepaЯabl] 5. [...]
[...] Elle n'a pas fait de liaisons pour la phrase 3 car d'après ce qu'elle dit, cette liaison n'est pas belle à l'oreille, on lui a sûrement dit que c'était une faute et qu'elle ne suivait pas la règle. Nous ne pensons pas qu'elle sache exactement quand il faut faire la liaison devant un h car lors d'autres réalisations dans les phrases suivantes, elles sont toutes prononcées. Pour la phrase elle ne prononce pas la liaison qui est faite avec le t mais nous sentons au son de sa voix une hésitation. Nous pensons qu'étant donné qu'elle sait qu'on l'enregistre, elle essaye de faire au mieux et de la façon la plus esthétique possible. [...]
[...] Comme si les liaisons devaient répondre à tout prix à des règles. - En analysant la lecture des locutrices 5 et nous remarquons qu'elles ne réalisent pas la liaison dans les énoncés 1 et 3. Dans les deux cas, il s'agit de liaisons devant un h n'ayant pas lieu d'être. Les locutrices réalisent l'ensemble des autres liaisons Analyse globale Afin de proposer une analyse plus générale, nous avons pensé qu'il pourrait être intéressant de s'intéresser aux différents champs lexicaux et expressions utilisées par les informateurs afin de rendre compte de la présence de liaison. [...]
[...] Le choix des liaisons est rarement arbitraire. Plusieurs facteurs peuvent être cités comme déterminants des liaisons : Les facteurs stylistiques : la liaison dépend alors du niveau de langue. Plus le niveau est élevé, plus il y a de liaisons. Il existe quatre niveaux de langue : les conversations familières, dans lesquelles on ne fait que les liaisons obligatoires ; les conversations soignées, dans lesquelles on fait un peu plus de liaisons ; les lectures et conférences ; et enfin la poésie, dans laquelle on produit quasiment toutes les liaisons. [...]
[...] LOC 4 : non, moi je ne le dis pas. Y a des règles de grammaire, y a des prononciations qu'on peut faire et d'autres qu'on ne fait pas. Le h devant voyelles, je crois que devant une voyelle, il doit y avoir la liaison, je ne me souviens plus de tout ça. Alors il y a des moments où on aspire le h La grammaire est très difficile et qu' il y a il y a toujours des exceptions dans la grammaire, tantôt on prononce le h temps en temps on ne le prononce pas. [...]
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