La parole est l'activité du sujet parlant, c'est l'aspect de réalisation du langage dont elle n'est pas dissociable. Les définitions du Petit Robert et du Larousse ne séparent pas parole et langage. Si, pour le premier, le langage est "la fonction d'expression de la pensée et de la communication entre les hommes, mis en œuvre par les organes de la phonation (parole) ou par une notation au moyen de signes matériels (écriture)", pour l'autre, la parole est aussi "l'expression verbale de la pensée". Ces définitions mettent en évidence la double fonction du langage, fonction d'expression de la pensée et fonction de communication.
Environ deux ans après sa conception, une année après sa naissance, l'enfant a dit son premier mot. La faculté et la rapidité avec lesquelles il apprend à parler ont toujours fasciné les hommes qui parfois oublient de s'en étonner, tant cela est habituel. Produire des mots, les combiner en des phrases originales, comprendre les mots des autres, sont des prouesses bien plus remarquables que d'autres, accomplies plus tardivement et avec plus de difficultés par les enfants. Deux et deux font quatre semble une notion simple. Elle ne sera pourtant consciemment accessible à l'enfant que bien après qu'il a prononcé des centaines de phrases différentes. Avant de savoir coordonner les gestes de ses mains, pour rattraper une balle, l'enfant comprendra à peu près toutes les phrases que lui adresse l'adulte, et il aura pratiquement maîtrisé sa langue avant de savoir nouer les lacets de ses chaussures.
Cette tendance naturelle à acquérir la parole semble être un "don" inscrit dans le patrimoine génétique que nous recevons en tant qu'être humain. Seuls des handicaps physiques ou psychologiques extrêmement sérieux peuvent prévenir le développement de cette capacité qui signe la singularité de l'homme.
Mais quel est ce don ? En quoi consiste-t-il ? Que "sait" l'enfant avant de parler ? Que lui apporte la parole des autres ?
Quelle est la part de l'innée et de l'environnement dans l'acquisition du langage oral chez le jeune enfant ?
[...] Pour les enfants grandissant dans un environnement bilingue, on reconnaît généralement que les situations où l'enfant parle toujours aux personnes qui l'entourent dans la même langue facilite l'apprentissage. La rapidité avec laquelle les enfants jeunes apprennent une langue étrangère montre que, chez eux, les mécanismes en jeu sont beaucoup plus puissants que chez les adultes. Les observations fines du développement de bébés bilingues de milieux favorisés ont montré que chez ces bébés un développement comparable aux enfants monolingues, particulièrement quand les parents ont respecté la règle une personne-une langue c'est-à-dire quand chaque parent parle avec l'enfant dans sa langue maternelle. [...]
[...] Des expériences "originales" Personne actuellement n'est prêt à renouveler les tentatives que l'on prête au pharaon Psantik I et à Frédéric de Prusse. Ces souverains, d'esprit curieux ont fait élever des bébés dans un lieu avec interdiction de leur parler. L'idée était de savoir quelle était la langue "originelle" qu'ils développeraient spontanément. On voit par là combien est anciennement ancrée l'idée d'un don ou d'instinct de parole ! La petite histoire dit que les "sujets expérimentaux" du pharaon ont parlé phrygien : le berger qui prenait soin d'eux était phrygien et, pris de pitié, avait désobéi aux consignes du pharaon ! [...]
[...] Quelle est la part de l'inné et de l'environnement dans l'acquisition du langage oral chez le jeune enfant ? SOMMAIRE 1 L'INNE Part de la génétique Rôle du cerveau dans l'acquisition du langage L'appareil phonatoire L'environnement L'univers communicatif du bébé L'importance du regard Les conduites de réciprocités, le turn-taking Expression des émotions L'attention partagée vers le monde extérieur La variété des langues et le rôle des parents La langue maternelle La mère Bilinguisme et langues étrangères Un environnement inapproprié à l'acquisition du langage a des conséquences sur son développement Les conséquences des carences affectives et sociales sur l'évolution du langage Les conséquences de l'absence de modèle linguistique, fourni par l'environnement, pendant la période sensible résultant de l'inné Relation entre l'inné et l'environnement Annexes Lexique Bibliographie Visite au Laboratoire Parole et Langage 27 Introduction La parole est l'activité du sujet parlant, c'est l'aspect de réalisation du langage dont elle n'est pas dissociable. [...]
[...] C'est à partir de l'intention innée de comprendre l'"esprit" des autres et de découvrir le monde que se développe le langage. L'enfant a besoin de savoir que son babillage*, ses premiers mots seront "entendus". Il faut que les choses se passent normalement et que l'enfant se sente entouré, écouté. Le fait qu'il babille ou parle "pour lui" le plus souvent n'est pas un contre exemple. En présence de l'adulte le petit enfant écoute, attend, "analyse" la parole des autres et ses effets sur lui. Ce n'est que plus tard qu'il pourra "entrer" dans une conversation plus générale. [...]
[...] Il existe donc des périodes sensibles pour certaines aptitudes linguistiques. Ces périodes critiques ne sont pas une propriété de la croissance en tant que telle mais traduisent la perte de plasticité qui se produit quand les liaisons neuronales se sont spécialisées. Fig Fonctions de chaque aire impliquée dans le langage Fig Fonctions de chaque aire du cerveau 1.3 L'appareil phonatoire L'organe essentiel de la phonation est le larynx, situé à l'extrémité de la trachée, il est constitué d'une série de cartilages superposés et des muscles. [...]
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