Les changements de sens des unités lexicales (c'est-à-dire les différentes formes de passage sémantiques d'une acceptation à l'autre) peuvent être traités du point de vue diachronique ou synchronique.
En diachronie, on présente l'évolution sémantique du mot polysémique en suivant l'ordre d'apparition des acceptions. En synchronie, on décrit les relations régulières qui unissent les différentes acceptions du mot polysémique. Quelle que soit la perspective retenue, c'est la théorie classique des tropes qui fournit l'essentiel des bases de la description des changements de sens ; elle explique « les figures éteintes » du vocabulaire comme les néologismes sémantiques les plus récents.
Décrits dès l'Antiquité par la rhétorique, les tropes forment une catégorie spécifique de figures. Il y a une convergence entre la conception rhétorique des tropes et la démarche du sémanticien ou du lexicographe qui retrace le parcours sémantique du mot en présentant le sens figuré (sens obtenu par figure) par rapport au sens propre dont il dérive.
[...] Ce fait, noté par les sémanticiens de la fin du XIXe siècle, A. Darmesteter (La vie des mots étudiée dans leurs significations) et M. Bréal (Essai de sémantique), est illustré par les noms déverbaux. Exemples : Addition : action d'ajouter ; par métonymie, note représentant le total des dépenses effectuées au café, au restaurant, Sortie : action de sortir ; par métonymie, passage par où les personnes sortent L'enchaînement des métonymies peut être décrit selon l'ordre diachronique. Bureau désigna d'abord une grosse étoffe de laine (bure), puis, par métonymie, un tapis fait de cette étoffe recouvrant la table (XIIème- XIIIème siècle) et la table ainsi recouverte (1361), table sur laquelle on fait les comptes. [...]
[...] animal] + V + concret] reconnaître l'odeur La mère flaire le danger. humain] + V + abstrait] reconnaître par l'intuition Le syntacticien ou le lexicographe peut alors passer sous silence la relation métaphorique et mettre l'accent sur la différence des emplois qui engendre deux acceptions distinctes ou deux homonymes. Outre la modification des environnements sémantiques, des restrictions syntaxiques caractérisent l'emploi métaphorique de certains verbes. Dans leurs emplois figurés, ces verbes sont obligatoirement suivis de compléments qui sont facultatifs dans leurs emplois propres. [...]
[...] Cependant, les dictionnaires sont des produits de l'activité humaine et, comme tels, ils sont nécessairement faillibles. On ne doit pas leur faire aveuglément confiance. Acquérir la maîtrise de la lexicologie, c'est se donner les moyens de trouver par soi-même des réponses à certaines questions concernant le lexique. Conclusion Le lexique courant d'une langue ne relève pas du modèle aristotélicien de catégorisation qui postule une relation biunivoque entre un mot et ce qu'il désigne ; au contraire, son grand principe de fonctionnement est la polysémie. [...]
[...] Ainsi, avec le mot perle plusieurs acceptions[1] sont possibles : Concrétion globuleuse, brillante et dure, formée de nacre qui s'est agglomérée en couches concentriques autour d'un corps étranger, entre le manteau et la coquille de certains mollusques, en particulier des huîtres, et qui est utilisée en joaillerie. Petite boule percée d'un trou pour l'enfilage. Goutte de liquide rond et brillant (perle de rosée). Petite boule figurée en demi-relief, dont la répétition en chapelet, le long d'une moulure, constitue un ornement courant. Personne, chose remarquable, sans défaut. Erreur grossière, ridicule, notamment dans une copie d'élève. [...]
[...] Insecte ressemblant à l'éphémère, vivant près de l'eau, où se développe sa larve carnivore. Une relation métaphorique peut être à l'origine de plusieurs dérivations dans le cadre d'un mot (à partir du sens propre de bouton dans le domaine végétal , bouton de vêtement, boutons de manchette, bouton de porte, dans le cadre d'un ensemble de mots de même catégorie syntaxique (les dénominations argotiques de tête fondées sur la ressemblance avec un objet rond, telles boule, bobine, bille, ) ou dans le cadre d'un ensemble de mots de catégorie syntaxique différente (ex : la métaphore assimilant l'amour à un feu dans ardeur, flamme, brûler, se consumer, La relation métaphorique opère soit d'une acceptation concrète à une acceptation concrète soit, d'une acceptation concrète à une acceptation abstraite, processus typique de la métaphore. [...]
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