Langue et société : la disparition des patois en Valais (Suisse)

Thèmes abordés

Langue et société, disparition des patois en Valais, langues régionales, facteurs socio-économiques, mort des langues, déclin de la vie rurale, transmission des langues, industrie en Valais, Suisse

Résumé du document

A l'heure où de nombreux chercheurs et associations oeuvrent à sauvegarder les patois valaisans, qui ne sont guère plus parlés de manière naturelle de nos jours, alors qu'ils étaient largement employés en Valais jusqu'au début du XIXe siècle, il est intéressant de se pencher sur les raisons qui ont engendré la disparition de ces patois. Les patois valaisans meurent lentement mais sûrement, malgré les efforts entrepris pour les sauver. Les données statistiques viennent confirmer ce phénomène. Ainsi, entre 1990 et 2000, le nombre de patoisants en Suisse a diminué de 27%, ce qui veut dire qu'en 2000, il n'y avait plus que 16000 locuteurs de patois en Suisse contre 22000 en 1990. Nous allons examiner de quelle manière les patois valaisans ont peu à peu disparu de l'usage langagier courant des Valaisans depuis les années 1850.

La disparition de ces patois a relativement peu été étudiée, et si elle l'a été, la question gagnerait à être analysée à plus large échelle. En effet, l'évolution du système d'éducation en Valais au cours du XIXe siècle n'aurait à lui seul pas suffi à engendrer un tel déclin de l'utilisation du patois en Valais. Nous allons tenter de démontrer que le rôle de l'école est un peu plus complexe que ce qu'il peut paraître à première vue et que les importants changements d'ordre économiques et sociaux ont eux aussi largement contribué à la disparition des patois en Valais.

Extraits

[...] Ibid. Ibid., p Ibid., p Ibid., p Ibid., p Grüner, p Ibid., pp. 139-140. Le romanche est devenu la quatrième langue nationale en Suisse en 1939. Pour plus d'informations, voir : [https://www.bk.admin.ch/themen/lang/04919/04998/index.html?lang=fr]. Juilland, pp. 6-7. Fibicher, pp. [...]

[...] Hagège, C., Halte à la mort des langues, Paris, Editions Odile Jacob pp. 96-98. Ibid., p Ibid., p http://www.patois.ch/docs/cours%20de%20patois.pdf Hagège, p Ibid., pp. 108-109. Hagège, p http://www.patoisdenendaz.ch/?Lexique-sonore Fibicher, A., Walliser Geschichte. Ereignisse und Entwicklungen 1520- 1991, Sion, Kantonales Erziehungsdepartement pp. 186-187. Mayoraz, P./Papilloud, J.-H. [...]

[...] Cela indique que le patois ne s'est plus transmis aux jeunes générations. Jean-Pierre, né dans les années 1960 à Evolène, apprend le patois sur le tard, ses parents ayant décidé de lui parler en français afin qu'il n'ait pas de problème à l'école Il l'a appris de sa propre initiative et parle toujours encore le patois avec ceux qui le parlent dans le village. Notons toutefois la situation particulière d'Evolène[2], où de gros efforts ont été faits afin de sauvegarder le patois. [...]

[...] Nous avons donc vu de quelle manière l'école s'y était prise pour faire disparaître les patois. Sans qu'une quelconque structure soit ne visible, nous pouvons tout de même dire que la nécessité d'imposer le français au détriment du patois a fait l'unanimité chez les personnes chargées de l'enseignement et que de ce fait, la disparition du patois soit allée de bon train. Reste qu'il n'est pas encore clair pourquoi l'école a suivi cette politique. Il serait réducteur de penser que seul les mauvais résultats des Valaisans aux examens de recrutement, donc des difficultés en français des Valaisans par rapport à d'autres cantons attribuées aux patois auraient conduit l'école à d'une part perfectionner l'enseignement du français et d'autre part à réprimer les patois. [...]

[...] Pourquoi l'école a-t-elle contribué à la disparition des patois ? L'expansion du français et la répression des patois au XIXe siècle ont une dimension idéologique héritée de la Révolution française : Les patois sont considérés comme des langues dégénérées menaçant l'unité nationale ; d'autre part, traduire les lois, c'est reconnaître la diversité dans une nation qui se veut une et indivisible. Il faut donc anéantir les patois sur le territoire, et universaliser la langue française à l'étranger en exportant les idéaux républicains. [...]